Les Cahiers de l'imaginaire

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Notice rouge

« Mon grand-père était le secrétaire général du parti Communiste américain ; j’ai décidé d’être le premier capitaliste en Russie. » Bill Browder l’a fait : en pariant sur la gigantesque campagne de privatisation des entreprises russes, son fonds d’investissement a atteint quatre milliards de dollars. Mais le 1er novembre 2009, Sergueï Magnitski, son avocat, est conduit dans une cellule d’isolation d’une prison de Moscou, menotté puis battu à mort par huit policiers. Son crime ? Avoir défendu Bill Browder contre le ministère de l’Intérieur impliqué dans une escroquerie d’un montant de 230 millions de dollars. Bill Browder abandonne alors les affaires pour se lancer dans un combat à corps perdu pour la liberté et la justice.

Thriller de haut vol, si vous aimez les romans de John le Carré, ce livre est pour vous. S'il se retrouve dans ma bibliothèque, c'est plutôt pour des raisons pédagogiques. Bien que ce livre n'ait pas de lien direct avec les thèmes de l'art, la créativité ou l'intelligence collective que nous abordons habituellement aux Cahiers de l'imaginaire, il mérite d'être lu. D'une part, il très bien écrit, le financier Bill Browder manie les mots aussi bien que les chiffres. D'autre part, son histoire autobiographique nous permet de comprendre les dessous des cartes géopolitiques d'un monde qui va mal et de constater tout le tort que font à la société certaines pratiques bien peu soucieuses de l'éthique, l'équité, l'intégrité...

Ce serait, si on lit bien Darwin, le signe avant-coureur de la disparition d'une espèce, devenant vraiment trop envahissante. Il est impossible qu'une société reposant sur ces pratiques sauvages et irrespectueuses survive encore longtemps. Bill Browder est un financier qui se réveille et décide d'agir courageusement par respect pour ses collaborateurs et ses clients. Dans sa course, il devient de plus en plus conscient du mal qui peut être fait...  Ce monde de la finance, responsable d'une grande partie des problèmes d'injustices planétaires, se remet rarement en question. Pris au piège, Bill Browder fait preuve d'une intégrité et d'une générosité qui apportent un léger espoir qu'au sein même de la communauté financière où est née le problème, il y ait des chevaliers qui pourraient aider au sauvetage in extremis et participer, avec ceux qui le souhaitent, à une  nouvelle éthique du monde.

 Bill Browder est le fils du mathématicien Felix Browder et le petit-fils d'Eartl Browder, l'ancien dirigeant  du Parti communiste américain. Il a grandi à Chicago, 
est diplômé en économie de l'Université de Chicago et détient un MBA de la Stanford Business School. Il a été le défenseur du capitalisme... il serait un bon candidat pour rejoindre les convivialistes. Il est aux premières loges pour juger à quel point les anciens modèles ne fonctionnent pas et qu'ils peuvent être des nids de corruption. Il est temps d'en inventer un nouveau...  je lui lance l'invitation. Nous serions ravis de l'accueillir pour nous aider à définir avec les jeunes générations ce à quoi pourrait ressembler un convivialisme éclairé. Un bilan et une expérience de terrain des erreurs passées seraient une bonne source d'apprentissage.

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