Vers une civilisation de convivialité
La désastreuse méga-machine de l’efficacité technique et économique laisse de côté des milliards d’affamés, de rejetés ou de précaires, une nature dégradée. L’humanité a un besoin extrême de progresser vivement selon l’autre direction de son évolution, celle qui l’a fait naître et qui organise le bien vivre ensemble.
Partout des groupes, des individus résistent à la méga-machine. Ils expérimentent des organisations différentes, ils animent des oasis du bien vivre. Pour que l’avenir de l’humanité bascule vers cette civilisation de la convivialité il faut que ces forces de vie en partagent explicitement la vision et affirment ce qui, au-delà de leurs diversités, fait leur unité : une volonté de travailler ensemble, pour la vie, en prenant soin l’un de l’autre et de la nature.
Il faut clamer notre interdépendance généralisée, l’accepter et la mettre en œuvre entre tous les humains et avec la nature
Marc Humbert, professeur d’économie politique à Rennes 1, a co-fondé en 2002, le réseau pluridisciplinaire international PEKEA (Un Savoir Politique et Ethique sur les Activités Economiques). Il a récemment co-publié le Manifeste convivialiste (2013) et de la convivialité (2011).
Co-fondateur de Pekea, éditorialiste régulier dans le journal Ouest-France, Marc Humbert est une figure intellectuelle en Bretagne. Invité régulièrement à l'occasion de conférences ou d'interventions, ce livre de vulgarisation de la « notion de convivialité », chère à Illitch a un échos auprès d'un large public.
Marc Humbert est celui qui a eu l'idée du convivialisme comme il l'explique au début de son livre : « La contribution de cet ouvrage s'inscrit dans la suite de ceux qui reprennent des idées autrefois introduites par Ivan Illich. J'avais proposé cette reprise en organisant un colloque à Tokyo, en 2010, entre Japonais et Français. Quelques auteurs et intellectuels français invités à cet effet, comme Alain Caillé, Serge Latouche, Patrick Viveret s'en sont emparés à des degrés divers, et nous avons publié ensemble deux ouvrages sur le thème (un en français, De la convivialité, en 2011) à la Découverte, l'autre en japonais, éd. Commons, en 20111). Alain Caillé a repris dans la foulée mon idée1 de manifeste (Pour un manifeste du convivialisme, Le Bord de l'eau, 2011) et en a organisé une préparation collective, qui a conduit à ce qu'une soixantaine d'intellectuels discutent et signent un ouvrage collectif (Manifeste convivialiste, Le Bord de l'eau, 2013). S'y trouve un argumentaire général de philosophie politique en faveur du convivialisme, comme dépassement des autres « isme », libéralisme, anarchisme socialisme, communisme. Bien que sans référence doctrinale affirmée, la convivialité, comme pratique concrète, me paraît déjà présente dans le quotidien. Elle caractérise le comportement de la plupart des humains, au sein d'innombrables groupes, même s'ils sont contraints par les forces dominantes à se soumettre de manière prioritaire à des lois et à des règles qui en sont fort éloignées.
Lire le post sur mon blog, Constellations citoyennes : le début de l'aventure.
Ce livre soutient cette idée de la pratique déjà bien étendue et inscrite dans notre histoire longue, mais diffuse et non collectivement reconnue, de la convivialité ; il aide à en prendre conscience, ce qui est nécessaire pour que les plus grands nombres puissent effectivement se mobiliser et faire qu'elle devienne une référence commune ; elle est le fondement du bien vivre ensemble et c'est autour d'elle que peut s'organiser un avenir meilleur que notre présent. »
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