Dans le marché de l’art le « nom » d’un artiste est déterminant. Que faire pour vous créer un nom ?

Si vous souhaitez devenir un artiste, cela vient souvent avec une inquiétude : « Vais-je réussir à gagner ma vie ? »

Cette question est l’origine de choix de carrière. Plusieurs artistes vont choisir un autre métier en parallèle afin de pouvoir créer à leur rythme sans subir la pression des fins de mois. D’autres sont tellement passionnés qu’ils sont prêts à tout, peu importe les périodes de disette. Les plus fortunés ont les moyens de voir venir… mais peu importe le cas de figure, tout artiste (quoi qu’il en dise) souhaite être reconnu pour son travail. Dans ce billet, je vous partage les résultats de chercheurs qui ont analysé deux modèles que tout artiste devrai connaître avant de se lancer.

Quels modèles peuvent aider un artiste à réussir ?

Dans le marché de l’art le « nom » d’un artiste est déterminant. Et le prestige qui est associé au nom dépend principalement de la capacité de l’artiste à intégrer des réseaux. Son prestige grandira selon deux modèles, le modèle de confirmation et le modèle de croissance.

1 — Le modèle de confirmation

Des artistes de statut similaire sont regroupés, par exemple, à l’occasion d’une exposition commune. 

2 — Le modèle de croissance

Le modèle de croissance :  un effet de « halo » se produit lorsqu’un artiste est associé à des artistes de statut plus élevés. 

Une recherche récente* a examiné, d’une part, l’influence comparée de ces deux modèles sur le prestige d’un artiste et, d’autre part, l’impact de ces modèles sur la cote de l’artiste sur le marché de l’art. 

Les chercheurs ont analysés 1148 artistes néerlandais, de 1930 à 1989. 

La carrière d’un artiste, au vingtième siècle en particulier, repose en grande partie sur son adhésion à des groupes ou à des mouvements stylistiques. Le fait, par exemple, d’être associé à un artiste réputé peut constituer pour un artiste débutant un tournant dans sa carrière. Intégrer un mouvement réputé pour s’en inspirer peut aussi constituer un catalyseur. 

Ces connexions se réalisent de différentes façons : devenir membre d’un mouvement qui jouit d’une certaine réputation ; bénéficier du mentorat d’un artiste réputé ; ou encore s’inscrire à une école d’art prestigieuse. 

L’effet de « halo » résulte de l’association d’un artiste à un réseau prestigieux. Si l’association augmente le prestige, l’effet est alors cumulatif. On compare souvent les artistes appartenant au même groupe. Chaque fois, ces rapprochements légitiment et renforcent la réputation de l’artiste. 

On serait porté à intervertir les termes réputation et statut. Mais les deux concepts sont distincts. La réputation est l’ensemble des opinions et des croyances partagés par le public et les critiques concernant un artiste. Tandis que le statut est le standing social ou professionnel. En d’autres mots, la réputation est la somme de ce que l’on sait de l’identité individuelle d’un artiste ; alors que le statut se réfère à son existence sociale, relationnelle et comparative. 

Pourquoi un artiste doit se soucier de sa réputation ?

PHOTO ; ADRIAN-SWANCAR, LE TALENT NE SUFFIT PAS, IL FAUT UNE RÉPUTATION.

2 MODÈLES POUR RÉUSSIR !

Contrairement à la croyance actuelle selon laquelle la carrière d’un artiste démarre lorsqu’il est soudainement associé à un groupe plus réputé que lui, sa carrière dépend, en réalité, de sa réputation. 

L’analyse faite par les auteurs des expositions muséales révèle que les artistes sont fréquemment regroupés selon leur réputation (le modèle de confirmation). Le statut que les artistes atteignent alors leur ouvre les portes de galeries prestigieuses. Le modèle de croissance (l’effet halo) permet lui aussi de faire progresser la carrière, mais à un rythme moindre. La réputation et le statut interagissent selon une boucle de rétroaction. La réputation et le statut favorisent tous deux la carrière, mais c’est en définitive la réputation individuelle qui en est le principal moteur. 

Pas facile de réussir pour un artiste, mais c’est possible si on allie talent et stratégie.

Les chercheurs ont finalement mesuré l’impact de la réputation et du statut sur les prix aux enchères. Pour les enchères, en début de carrière, le statut conféré par une association avec des artistes de renom permet une lancée plus rapide. Ainsi le modèle de croissance, en début de carrière, donne un sérieux coup de pouce. Toutefois, cet effet s’estompe assez rapidement et, par conséquent, les prix diminuent. En début de carrière, la réputation est encore dans une phase de « construction ». Les prix ne remontent que lorsque la réputation de l’artiste parvient à se consolider. À long terme, c’est le modèle de confirmation qui prime. 

Dans le monde l’art, le succès est très aléatoire. L’étude ne porte que sur des artistes qui ont déjà exposé à trois reprises. Ce qui suppose qu’ils ont déjà fait l’objet d’une certaine reconnaissance. 

Même lorsque ce seuil est franchi, pour les artistes qui démarrent de même que pour les artistes qui jouissent d’une réputation bien établie, le succès est rarement au rendez-vous. 

Pour les artistes qui démarrent, la meilleure stratégie consiste à participer à des expositions de prestige (ce qui n’est pas une mince tâche) plutôt que de miser sur des expositions solo consacrées à leur travail. 

De nos jours, réfléchir à créer sa marque est une étape incontournable pour tous dans l’évolution d’une carrière, et cela est particulièrement vrai pour un artiste.