<strong>Apprendre de l’expérience 🔘 Centre de musique de Helsinki</strong>
Comment construire au XXIe siècle ?
« La beauté ne peut que permettre la connexion à quelque chose de bon. »
—Marko Kivistö
Découvrez une magnifique leçon d'intelligence collective et de réflexion sur comment construire aujourd’hui.
Révisé 6 juillet 2020
La Finlande possède depuis août 2011 une véritable cité de la musique. Outre une salle de concert de 1 700 places pouvant héberger les deux excellents orchestres de musique classique de Helsinki, l'Ochestre symphonique de la radio finlandaise et l'Orchestre philhamornique de Helsinki, le complexe habite cinq petites salles de concert, l'Académie Sybelius (qui forme de futurs grands musiciens), une médiathèque et un café-restaurant.
2 objectifs principaux
Les architectes avaient deux objectifs principaux : créer, au cœur de la capitale finlandaise, un bâtiment en harmonie avec le paysage urbain et une salle de concert à l'acoustique exceptionnelle.
Dans un documentaire qui a remporté le Grand prix au 31e Festival international du film sur l'art, Helsinki Music Centre - Prelude, Matti Reinikka et Milsa Latika racontent l'histoire de la construction de la Maison de la musique, un projet qui a déclenché un vaste débat social en raison de ses coûts élevés (140 millions d'euros initialement prévus). Il aura fallu près de 20 ans pour que la Maison de musique puisse enfin ouvrir ses portes en 2011. Aujourd'hui, le projet est considéré comme une grande réussite par tous.
La directrice, Helena Hiillivirta, ancienne journaliste, a été un des joueurs majeurs dès la première heure. Elle est l'image du projet. En aucun temps, elle ne dévie de l'objectif principal et du souhait de rapprocher tous les acteurs.
Douce et souriante, elle fait preuve d'une fermeté tranquille et déterminée. Helena garde le cap sur la vision d'avenir et d'excellence, elle évite le piège des compromis qui finissent souvent par détruire la beauté d'un concept.
L'architecte en chef, Marko Kivistö, est le philosophe de l'équipe. Avec lui, les obstacles deviennent des occasions de réfléchir de manière introspective, de toujours s'améliorer, de mieux faire. Il a une façon, bien à lui, de pousser la réflexion dans l'adversité. Si nous n'avions pas de contraintes budgétaires, les choses seraient impossibles. Lesc ontraintes sont saines, elles sont un garde-fou.
Se donner le temps
de construire des bâtiments pérennes, durables...
Toujours essayé d'associer l'architecture à l'art et à la nature est une responsabilité pour chaque projet. Selon lui, toute société doit poursuivre l'objectif fondamental de créer de la beauté.
« La beauté ne peut que permettre la connexion à quelque chose de bon. »
Pendant toute la construction, deux jeunes chefs d'orchestre s'expriment : Dalaia Stasevska et Ansttu-Matias Rouvali. Ils incarnent les artistes qui ne peuvent vivre sans musique. Ils se perçoivent comme des docteurs de l'âme, se disant tout aussi utiles pour la société que ceux qui exercent des métiers plus concrets.
« La musique fait du bien à tous y compris aux autistes. »
La musique guérit, apaise, rapproche. Pour eux, que tous se mobilisent pour un projet qui valorise la création musicale et sa diffusion, représente un soutien formidable pour l'avenir de la musique classique qui aurait sinon sombré dans l'oubli. Leur joie est de constater que le public y adhère tout autant, y compris les jeunes qui n'avaient pas auparavant l'occasion d'en écouter.
Un lieu d’échanges, de rencontres et de connexions
La directrice a toujours insisté pour que ce projet architectural ne soit pas érigé comme un temple de la culture, mais plutôt comme un lieu d'échanges, de rencontres et de connexions. Selon les usagers, l'objectif est pleinement atteint. Il ressemble plutôt à un campus permettant des rencontres fortuites et porteuses. Un lieu d'émulations accessible au plus grand nombre. Un lieu qui donne le goût de la musique et de la culture. La meilleure pédagogie qui soit.
Ce que le monde moderne nous apprend, c'est qu'il est temps de ralentir. Après le mouvement du Slow Food, du Slow Management... peut-être est-il temps de penser à plus de lenteur même pour la construction de grands projets.
Marko Kivistö pense qu'il faut désormais ralentir en construisant. Serions-nous prêts pour le Slow Building ? Dans le cas de la Maison de la musique de Helsinki, cette lenteur leur a permis de réduire les coûts et d'inclure un plus grand nombre d'acteurs dans le projet.
Construire de façon plus pérenne en s'inspirant de la nature. Donner du temps au temps. Accepter de perdre certaines choses pour en gagner d'autres. Un processus évolutif d'intelligence collective qui réserve forcément des surprises sur le chemin. On ne peut pas tout prévoir, il faut savoir s'adapter et être au service des autres.
L'architecture de demain sera interactive, organique, instinctive, vivante. En créant une maison de la musique au service des opérations (artistes et artisans) et du public (divertissement et éducation), Helsinki montre la voie.
Envie de tenter l’expérience ?
DÉCOUVREZ L’EXERCICE No. 81
Ralentissez !