Contes de l’âge mûr 🔲 Comment l’art digital défie les stéréotypes âgistes.
Alors que le vieillissement de la population mondiale suscite des préoccupations et des préjugés, une artiste asiatique riposte avec humour et créativité.
Une œuvre de "Auntieverse" montrant des femmes âgées enfermées dans une structure géométrique remplie de choux, suggérant des thèmes de confinement et de résilience à un âge avancé. Vous désirez faire une offre sur cette œuvre ? Visitez le site Open Sea - Auntieverse by Niceauntiesvoir le lien dans les notes en bas de page.
La population mondiale vieillit.
Ce phénomène est principalement dû à deux facteurs : l'augmentation de l'espérance de vie et la baisse des taux de natalité. Cependant, le rythme et les implications du vieillissement varient considérablement entre l’occident et le reste du monde.
Les pays occidentaux figurent parmi les plus affectés par le vieillissement de la population. Par exemple, en Europe, plus de 20 % de la population a plus de 65 ans.
Mais c’est le Japon qui est le pays comptant le plus grand nombre de personnes âgées au monde, avec environ 28 % de sa population ayant plus de 65 ans. La Chine et la Corée du Sud suivent également cette tendance, mais de façon moins marquée.
En dépit du nombre croissant de personnes âgées, les préjugés à leur égard persistent, ou même augmentent. Le rapport du Centre for Ageing Better, Exploring representations of old age, analyse les différents préjugés à l’égard des personnes âgées.
Les personnes âgées sont souvent perçues comme étant en déclin physique et mental. On considère qu’elles sont dépendantes et incapables de contribuer de manière significative à la société. Ces stéréotypes sont omniprésents dans les médias et les politiques publiques, où les personnes âgées sont souvent représentées comme un fardeau pour la société.
Le langage utilisé pour décrire les personnes âgées renforce les stéréotypes négatifs. Des termes comme "tsunami gris" ou "bombe démographique" présentent le vieillissement comme une crise, tandis que des termes déshumanisants comme "vieilles peaux" ou "fossiles" les marginalisent davantage.
Les personnes âgées sont souvent représentées comme un groupe homogène sans individualité ni diversité. Cela masque les différences individuelles et intergénérationnelles parmi les personnes âgées, et renforce l'idée qu'elles sont toutes les mêmes et partagent les mêmes caractéristiques négatives.
Les stéréotypes prescriptifs dictent ce que les personnes âgées devraient ou ne devraient pas faire. Par exemple, elles devraient céder leur place aux jeunes, ne pas consommer trop de ressources partagées, et ne pas s'engager dans des activités associées aux jeunes. Les personnes âgées qui ne respectent pas ces stéréotypes peuvent faire face à des critiques et à une exclusion sociale.
Le modèle de vieillissement réussi s’oppose en définissant le "bon" vieillissement, où les personnes âgées sont actives et en bonne santé, au "mauvais" vieillissement, où elles sont perçues comme responsables de leur propre déclin en raison de choix de vie sous-optimaux. Ce modèle peut stigmatiser davantage les personnes âgées qui ne peuvent pas atteindre ces idéaux en raison de problèmes de santé ou de pauvreté.
Les médias tendent à représenter les personnes âgées de manière négative, en se concentrant sur des stéréotypes de fragilité et de dépendance. Même lorsque les représentations sont positives, elles peuvent être irréalistes et inaccessibles pour la plupart des personnes âgées, renforçant ainsi les stéréotypes de déclin et de mauvaise santé.
Les stéréotypes négatifs ont des effets néfastes sur la santé et le bien-être des personnes âgées. L'internalisation de ces stéréotypes peut conduire à des prophéties autoréalisatrices, où les personnes âgées commencent à se comporter conformément aux stéréotypes, ce qui peut aggraver leur santé et leur longévité.
Les politiques et les discours publics peuvent parfois présenter les personnes âgées comme étant en conflit avec les jeunes générations, en les accusant de consommer de manière disproportionnée les ressources de la société. Cela peut exacerber les tensions intergénérationnelles et renforcer les stéréotypes négatifs.
Mais au Japon…
Les personnes âgées ont décidé de réagir. Avec humour. Et une des manifestations les plus abouties de l’humour, c’est d’être capable de rire de soi-même.
Cette œuvre intitulée « Chapter No. 7, Tesla #0656 » de la collection "Auntieverse" par Niceaunties représente une femme âgée conduisant un véhicule recouvert d'éléments de sushi et propulsé par des jambes humaines.
Sur la plateforme internet OpenSea, des artistes âgées utilisent l'IA pour créer un monde surréaliste. Cette exposition en ligne est intitulée "Auntieverse by Niceaunties”. Elle offre une perspective unique sur les comportements attachants, absurdes et parfois négatifs des femmes âgées japonaises, et lutte à sa façon pour contrer les préjugés dont elles sont victimes.
Cette œuvre intitulée « Chapter No. 2, Spa Menu #0152 » fait partie de la collection "Auntieverse" par Niceaunties. Elle représente une femme âgée ornée de rouleaux de sushi et d’aiguilles d'acupuncture, offrant une perspective surréaliste et réfléchie sur le vieillissement. Voir le lien en référence pour accéder à la plateforme Open Sea.
L’artiste derrière Niceaunties, une femme singapourienne (dont on ignore le nom qui est née dans les années 80), s’inspire des figures féminines influentes de sa vie, notamment sa grand-mère et ses onze tantes. À travers l’"Auntieverse," elle crée un monde surréaliste où les femmes âgées peuvent s’exprimer librement et sans jugement, défendant ainsi une vision positive et joyeuse du vieillissement. En utilisant l’intelligence artificielle, elle propose une critique subtile des attentes sociales et des stéréotypes imposés aux femmes. Son travail illustre comment ces “tantes” réinventent les notions de beauté, de liberté, et de plaisir, tout en défiant les normes et les limites associées à l’âge.
Une collection d'œuvres numériques de la série "Auntieverse" par Niceaunties, présentant des femmes âgées dans divers scénarios surréalistes, mélangeant des symboles culturels et des designs innovants pour défier les stéréotypes liés au vieillissement.
En puisant dans les valeurs familiales traditionnelles de Singapour, l’artiste explore les subtilités de la culture des « tantes » asiatiques, un phénomène où les femmes âgées jouent des rôles centraux mais souvent ambigus dans les dynamiques familiales. C’est à travers cette expérience personnelle qu’elle remet en question les attentes sociales et les stéréotypes associés à l’âge.
Ayant grandi entourée de figures féminines fortes, l’artiste s’inspire de ses propres tantes et de leur capacité à jongler entre traditions et aspirations personnelles. Cette 'culture des tantes,' propre à de nombreuses sociétés asiatiques, met en lumière les pressions sociétales qui pèsent sur les femmes âgées, ainsi que leurs façons uniques de les surmonter.
Le mot "auntie" trouve son origine dans le terme anglais "aunt," qui signifie "tante" en français. Le suffixe "ie" est ajouté pour former un diminutif affectueux, souvent utilisé de manière informelle pour désigner une tante. Le terme "aunt" lui-même provient du vieil anglais "amita", dérivé du latin. "Amita" signifie la sœur du père. L'utilisation du mot "auntie" en anglais date du XIXe siècle et est couramment employée dans les contextes familiaux pour exprimer une relation de proximité et de tendresse.
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Références :
https://opensea.io/collection/auntieverse-by-niceaunties
Rebecca Ratcliffe. Into the Auntieverse: a surreal fantasy of older women. The Guardian, 2024.
Hannah J Swift and all. Exploring representations of old age. Centre for Ageing Better.