<strong>DYNAMO đČ CrĂ©er avec la lumiĂšre </strong>
Inventer du mouvement avec de la lumière
L'exposition se rapproche davantage d'une conversation stimulante avec des artistes de toutes disciplines qui nous entraînent dans un grand mouvement créatif.
Révisé 10 juillet 2020
Le commissaire général, Serge Lemoine, professeur émérite à la Sorbonne et Matthieu Poirier, historien de l'art, assistés de Marianne Le Pommeré et Dominique d'Orgeval n'ont pas hésité à transformer le Grand palais en terrain de jeux propice à diverses expérimentations sensorielles et plastiques, suscitant la perte de repère pour tous ceux qui ont expérimenté la visite de DYNAMO, un siècle de lumière et de mouvement dans l'art.
« Le mouvement, la lumière s'affirment comme deux des thèmes majeurs traités par les artistes du XXe siècle et ceux d'aujourd'hui : il s'agit bien d'une grande tendance, se manifestant dans la durée... Plutôt que de traduire par une image un phénomène physique, atmosphérique ou lumineux, ils vont agir sur la vision, intervenir sur la perception. Au lieu de peindre des motifs colorés, ils vont se servir de la couleur. Enfin, ils vont accorder de l'attention à celui qui regarde en stimulant ses sens et en cherchant à le faire participer » écrit Serge Lemoine dans le texte d'introduction du catalogue.
« Grâce à l'abstraction, leur rapport à la réalité a été changé, leur liberté a été plus grande, leur capacité d'innover facilitée et stimulée, leurs recherches plus ouvertes, leurs moyens sont devenus sans limites grâce aux avancées technologiques. Il s'agit d'une tendance profonde qui s'inscrit dans la longue durée. Elle représente l'une des expressions du positivisme, elle est fondée sur l'expérimentation, elle est mue par le goût d'entreprendre, elle trouve sa justification dans l'action.... Elle constitue l'une des manifestations de la mentalité du XXe siècle, qui s'exprime notamment dans la notion de progrès et qui reste toujours actuelle. »
Voir le XXe siècle à travers cette tendance de l'art a été une expérience ludique à souhait qui a su relier les Ćuvres et les idées des pionniers et des artistes contemporains... ainsi que les intentions avec lesquelles ils ont conduit leurs quêtes et expérimentations.
Sur le territoire du sensible, le langage nâest plus le même. Les cinq sens sâéveillent pour participer à l'échange qui sâétablit à l'instar d'une danse. Chacun de nous trace un cercle de réalité sensible pour guider notre perception et notre compréhension des phénomènes inhabituels. Au contact de lâart quâil soit musical, visuel ou conceptuel... notre cercle sensible sâélargit et entre dans le cercle intime et sensible de lâartiste-créateur. La conversation qui sâinstalle alors est dâune richesse inouïe, nourrie des surprises et des provocations que lâĆuvre suscite en nous et entre nous.
C'est ce jeu de la perception qui fait fondre les limites entre le réel et le virtuel que l'exposition DYNAMO, un siècle de lumière et de mouvement dans l'art a particulièrement réussi. Nous avançons, à tâtons, sur la ligne du sensible, la ligne de lâétrangeté à mi-chemin entre le visible et lâinvisible, entre la lumière et lâobscurité... rien ne peut se définir complètement. Car là où lâartiste a arrêté de créer son Ćuvre, le regardeur reprend le processus créatif... Tout cela nous emporte malgré nous. Quand lâart nous touche, nous sommes agis.
Certains artistes font un véritable effort pour réduire la distance entre le créateur et le spectateur. On assiste à des Ćuvres qui existent une fois que les spectateurs sont à lâintérieur. LâĆuvre devient alors laboratoire. Plusieurs Ćuvres de ce type ont été présentées pour le grand plaisir des spectateurs prêts à jouer.
Les artistes cinétiques excellent pour nous aider à perdre nos repères. Il faut finalement peu de choses pour perturber nos perceptions et remettre en question nos certitudes.
Il nây quâà voir lâĆuvre dâAnish Kapoor Islamic Mirror, 2008 présentée à l'entrée de lâexposition pour illustrer ce phénomène. Le regardeur se place devant les miroirs noirs pour se découvrir tête à lâenvers transformé en hologramme.
Une promenade vivifiante entre sciences exactes, mathématique et phénoménologie. Chaque Ćuvre remet en question le réel et la perception que nous en avons. Et le regard sur les autres aux prises avec l'étonnement que suscite la rencontre avec les Ćuvres, un bonheur ! Que ce soit le labyrinthe reconstitué du Groupe de recherche dâart visuel (GRAV), 1963 ou Les boîtes à flash, 1964, de François Morellet, on pourrait rester des jours dans ce lieu d'expérimentation.
Il nâest pas toujours facile dâêtre juste assez déstabilisé pour se mettre dans un état créatif... le contact avec lâart est un puissant transistor pour notre imaginaire. Câest un jeu sensible qui nous met en état dâaccueil pour nous ouvrir à un nouveau dialogue, plus intime, plus sensible, plus sensitif.
Notre cerveau est une puissante machine à rêver. Lâart est un puissant levier. Musées, centres dâart, galeries... sont des lieux dâapprentissage exceptionnels. Ils sont des intercesseurs dans un monde complexe pour que les artistes et les non artistes puissent communiquer.
Pour poursuivre l'échange, nous recommandons le catalogue de l'exposition qui contient une mine d'information et de documents d'archives sur l'histoire de l'art optique, lumineux et cinétique. Pourquoi ne pas vous inspirer de cette exposition pour faire jouer lâaléatoire dans vos créations ?
Envie de tenter lâexpérience ?
DÉCOUVREZ LâEXERCICE No. 37
Faites jouer lâaléatoire