S’exprimer à la manière d’un artiste….

Immergés dans une mer d’informations, certaines nouvelles prétendument fausses peuvent se révéler véridiques, alors que des nouvelles qui semblent, à première vue, parfaitement vraies, peuvent en réalité être fausses. Et si l’Art nous aidait à nous démêler dans ce fouillis.

Nous vivons dans un monde de mensonges. Certains nous échappent, mais nous sommes tout de même en mesure d’en détecter plusieurs. Nous savons qui les ont fabriqués, pour quelles raisons ils ont été inventés et diffusés, et dans plusieurs cas nous sommes en mesure de leur opposer les vérités qui s’imposent. 

Mais ce travail de contre-attaque n’est pas toujours possible, et il s’agit d’une tâche qui s’avère à la fois longue et épuisante. Un mensonge répété ad infinitum fini par se frayer un passage, à s’imposer comme une semi-vérité, et finalement comme une vérité à part entière. À force de circuler, le mensonge revêt les apparences de la réalité. C’est le mensonge qui finit par entraîner, entre autres, la désaffectation des jeunes du monde politique, une désaffectation qui se traduit par le fait de ne pas voter, et qui rend ce qui est impensable réalisable. 

Si l’univers multiforme de l’information éprouve de la difficulté à distinguer le vrai du faux, que nous apprend le monde de l’art ?

Comment les artistes approchent-ils le monde du vrai, de l’exactitude, de la vérité ?

L’art est une façon de se reconnecter avec la réalité et la vérité. Cela englobe à la fois la fiction et le documentaire. L’artiste découvre au fur et à mesure que ce qu’il est en train de créer révèle une vérité sous-jacente. La création est une aventure, à la fois pour le créateur et pour celui qui découvre une œuvre. Déboulonner le mensonge est une façon de dévoiler la vérité. 

Plusieurs talents, provenant de milieux ethniques et culturels différents, explorent des façons originales de raconter une histoire, et ouvrent la porte à de nouvelles compréhensions de la réalité et de la vérité. 

C’est le cas, par exemple, d’Andréa Fraser, une artiste contemporaine, associée au monde de la performance, et qui s’inspire de l’oeuvre de Pierre Bourdieu. 

Dans un livre, publié en 2018, qui s’intitule 2016 Les Musées, l’argent et la politique, elle analyse la correspondance étroite qui existe entre les sources privées de subventions accordées aux musées et à la campagne présidentielle de 2016 aux États-Unis. 

L’ouvrage est volumineux. Il s’agit à la fois d’une critique institutionnelle décapante, et d’un document de référence. Andrea Fraser a colligé minutieusement toutes les contributions faites par différentes fondations dans plus de 125 musées américains pendant l’élection de 2016 qui a porté Donald Trump au pouvoir. 

La campagne présidentielle américaine de 2016 a été particulièrement virulente. D’innombrables attaques ont visé des populations à risque. Les médias et les prétendues élites culturelles ont été démonisés. Cette campagne a transformé, de manière durable, la politique américaine. 

Ce fut aussi l’une des campagnes les plus coûteuses de l’histoire. Plus de 6.4 milliards de dollars ont été dépensés, si l’on combine à la fois la campagne présidentielle et les élections au congrès. Plus de la moitié de cette somme provient d’une poignée seulement d’individus fortunés, la plupart contribuant aussi au financement des institutions culturelles. 

L’ouvrage est structuré à l’instar d’un bottin téléphonique. Chaque contribution est classée par ordre alphabétique, selon le nom du contributeur. Plus de 900 pages qui tracent le réseau qui relie la philanthropie culturelle américaine et le financement des campagnes politiques. 

Cette enquête minutieuse constitue un outil d’exploration qui met en lumière les enjeux politiques du monde de l’art et des musées. L’examen des donateurs donne un aperçu de l’étendue du régime ploutocratique qu’est devenu la machine politique américaine. La ploutocratie qui consiste en un système de gouvernement où la richesse constitue la base principale du pouvoir politique. 

Andrea Fraser termine son livre en soulignant que ce n’est pas tout de soutenir financièrement les musées. Le soutien aux arts doit aussi se traduire par la défense au sein des institutions et des structures sociales des valeurs de justice, d’ouverture, de tolérance et d’équité.

L’exercice que je propose aux créateurs qui souhaitent rayonner même s’ils ne sont pas soutenus par des mécènes fortunés s’inspire de Pôle Emploi…. c’est étonnant, je sais, mais vous verrez, ce n’est pas si fou….

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice No. 148

Faire connaître des créations émergentes

Référence

Creative Minds: Can art speak truth? Ideas, CBC Podcast. 09/18