Le flux de conscience est une technique qui a eu un impact considérable sur la création littéraire.

Il s’agit d’une technique narrative qui consiste à décrire de la façon la plus directe et la plus fluide possible tout ce qui surgit dans la tête de l’auteur lorsqu’il écrit : images, impressions auditives ou tactiles, sensations physiques, ressentis, associations, enchaînement d’idées telles qu’elles se présentent. Sans jugement.

L’arme secrète des créateurs

Plusieurs écrivains ont suivi cette piste. C’est le cas de Samuel Beckett — En Attendant Godot, de James Joyce — Ulysse et de Virginia Woolf — Mme Dalloway.

La méthode de Virginia Woolf

Dans Mme Dalloway, Virginia Woolf laisse le lecteur pénétrer dans les pensées du personnage en utilisant de longues phrases, ponctuées de points-virgules, afin de montrer la lente dérive des pensées qui s’enchaînent les unes aux autres. Le lecteur entend l’esprit de Ms Dalloway glisser d’une observation sur ce qu’elle voit à une réflexion sur son attitude face à la vie, et poursuivre ensuite sur un souvenir d’enfance, revenir aux taxis dans la rue, et enfin à Peter, une flamme de jeunesse. Les associations d’idées se mêlent aux impressions sensorielles pour créer un courant continu de conscience. Virginia Woolf nous transmet non seulement un contenu, mais sa structure ainsi que le fil rouge qui relie une pensée à une autre.

Technique apparue
au début du XXe siècle

Le recours à la technique du flux de conscience ne s’est pas fait par hasard. Son apparition au début du vingtième siècle correspond à une période trouble marquée par la guerre. Une période qui a connu de profonds bouleversements sociaux et durant laquelle un fort besoin d’authenticité s’est fait sentir. Écrire devenait le miroir d’une expérience humaine fondamentale et universelle.

Qu’est-ce que cette technique ?

Sur le plan neurologique, le flux de conscience est défini comme l’émergence d’idées spontanées (flânerie, rêverie, le fait d’être dans la lune, par exemple) produite « à l’intérieur de soi » et non pas induite par des facteurs externes dus à l’environnement. Le flux peut être soit provoqué intentionnellement ou se produire fortuitement.

Le flux de conscience implique un découplage afin de se soustraire aux contraintes du moment. Son contenu résulte de processus affectifs et épisodiques. Il est régulé selon les fonctions exécutives du cerveau et repose sur un équilibre fragile entre les coûts (le flux de conscience requiert un apport énergétique important) et les bénéfices (accroissement de la créativité et production d’idées fécondes).

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la rêverie provoque une dépense énergétique importante de la part du cerveau et, par conséquent, peut occasionner des « erreurs » ou des « ratés » dans l’exécution de certaines tâches (en lisant ou en conduisante une automobile, par exemple).

La rêverie et la flânerie à l’origine des flux de conscience et de l’émergence d’idées spontanées présentent, bien sûr, des avantages du point de vue de la créativité.

🔴 Des chercheurs ont démontré qu’il existait une corrélation entre la tendance qu’a un individu à rêvasser et sa performance dans des exercices de pensée divergente, un aspect essentiel du processus créatif.

Les bienfaits pour les créateurs

Écrire en ayant recours à la technique du flux de conscience n’est pas seulement fécond pour les écrivains, il est un outil puissant pour que resurgissent des sentiments et des émotions enfouis dans une mémoire lointaine et dans l’inconscient. Le flux de conscience permet de mieux nous connaître, de nous relier à des pensées demeurées secrètes et ainsi à mieux comprendre la façon dont nous nous relions au monde qui nous entoure.

Des exercices que nous faisons dans le programme en ligne Ma vie telle que je l’imagine !

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Paroles, paroles, paroles…

Lecture suggérée
Beckett, Samuel, En attendant Godot
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Woolf Virginia, Mme Dalloway