L’impact des contes de fées sur le cerveau </strong>📙 </strong>
Pourquoi les contes de fées enchantent petits et grands ?
Pourquoi Harry Potter a-t-il connu un tel succès ? Comment expliquer le succès phénoménal que remporte auprès d'un public adulte la série Games of Thrones ? On peut bien sûr évoquer la qualité de l'intrigue, les trésors de créativité et d'imagination déployés par les auteurs, mais il existe peut-être une autre raison qui tire son origine de la structure même de notre cerveau.
Si on laisse de côté, pour un instant, la mécanique neurologique, tout un chacun a déjà éprouvé le puissant processus de simulation qui consiste à recréer mentalement, à partir des mots que nous lisons, une réalité qui nous semble tout aussi réelle que le monde dans lequel nous évoluons quotidiennement. L'expérience est ludique. Elle est souvent saisissante et nous en tirons un véritable plaisir.
Mais que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous lisons ?
Des chercheurs allemands ont faire lire à un groupe d'individus des textes tirés de la série Harry Potter. Une moitié de ces textes décrivait des événements magiques alors que l'autre moitié relatait des faits qui n'avaient aucun attribut surnaturel.
Des résultats étonnants !
Les lecteurs qui ont lu les extraits se rapportant à des phénomènes magiques ont éprouvé plus de surprise et de plaisir que ceux à qui on a donné des textes standards. Les analyses IRM indiquent une activation neuronale plus forte pour la lecture de passages décrivant des phénomènes surnaturels. Cette activation accrue a été localisée dans les aires suivantes du cerveau : le gyrus frontal inférieur, le lobule pariétal inférieur, le gyrus fusiforme gauche et l'amygdale gauche.
L'activité accrue de l'amygdale est associée à la sensation de surprise et au plaisir de la lecture. En ce sens, les oeuvres du genre 'fantasy' où les imprévus et les trouvailles originales sont nombreux stimulent tout particulièrement cette zone. Le fait que le gyrus frontal inférieur soit sollicité s'explique par le fait qu'on exige du lecteur un processus cognitif plus intense afin de résoudre les incongruités du récit qui se démarquent de la réalité quotidienne. Enfin la concentration accrue que nécessite la prise en compte de phénomènes surnaturels se reflète dans une stimulation accrue des centres de l'attention que sont les lobules pariétaux inférieurs et le gyrus frontal inférieur.
Il semble, par conséquent, que notre cerveau soit tout particulièrement réceptif à ce qui sort de l'ordinaire. Nous sommes sensibles au merveilleux et au surnaturel. Et ce malgré le fait que l'enfant de quatre à cinq ans et l'adulte sont tout autant aptes à distinguer clairement ce qui appartient au monde réel et ce qui est du domaine du fantastique. Même si la lecture de livres qui relatent des évènements surnaturels et magiques exige de notre cerveau un niveau d'activités plus élevé, nous en éprouvons un véritable plaisir. Le projet des chercheurs allemands analyse les bases neurologiques de cet engouement.
Un tel comportement de notre part dévoile sans doute notre véritable nature : nous sommes des fabricants de réalités. Enfants ou adultes, nous aimons plus que tout créer et inventer. Nous sommes toujours disposés à ce qu'on nous raconte une bonne histoire, même et surtout si elle est truffée de faits et de personnages improbables. Notre propension à raconter et à écouter de bonnes histoires stimule notre créativité et n'est pas étrangère au fait que bon nombre d'innovations qui nous entourent sont issues directement ou indirectement de la tête de quelqu'un qui un jour s'est dit : Que se passerait-il si... ?
Il ne faut donc pas s'étonner que nous ayons inventé le père Noël et que sa légende ait traversé les âges et les continents... Nous sommes doués pour cela ! Continuons à inventer des histoires — et choisissons-les belles — pour augmenter notre plaisir. Jouons ensemble et donnons vie au fantastique.
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Référence
Chun-Ting Hsu and all. The Magical Activation of Left Amygdala when Reading Harry Potter: An fMRI Study on How Descriptions of Supra-Natural Events entertain and Enchant. PLOS ONE | DOI:10.1371/journal.pone.0118179 February 11, 2015.