Les Cahiers de l'imaginaire

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<strong>🔴 Pourquoi les montages ont du succès ?</strong>

Faire sens autrement en reliant des pièces détachées.

« Visible ou pas, tous les artistes - pas que ! - travaillent comme ça, par associations d'idées ou d'images projetées mentalement qui soudain font sens. Je me demande même si ce n'est pas le fondement de l'acte créateur le "montage", parce que l'association de deux choses qui en forment une troisième, est un geste mental super dynamique.  »

Sabine Meier, artiste-photographe

Oeuvre de Georges Adéagbo

Le rhizome est la tige souterraine remplie de réserve alimentaire de certaines plantes. La pomme de terre, par exemple, se développe à l’extrémité d’un rhizome. Elle constitue pour la plante une réserve d’amidon. 

À la galerie Barbara Wien, à Berlin, se tient une exposition de Georges Adéagbo. L’installation s’intitule : « La Civilization Parlant et Faisant Voir la Culture..! »

Telle qu’en témoigne la photo jointe, il s’agit d’un montage hétéroclite de différents objets. Pour le spectateur, malheureusement ou pas, il n’y a pas de clés, de messages cachés, d’une histoire qui viendrait donner au montage un sens qu’on ne percevrait pas à première vue. 

Mais pour l’artiste, cette recherche erratique de sens est justement ce qui caractérise nos sociétés mondialisées. 

Nos cultures s’entremêlent et se fragmentent, au point de semer la confusion quant à leurs origines véritables. 

À l’instar des racines entremêlées d’un rhizome, les artéfacts qui constituent chaque montage s’emmêlent. Les origines de ces artéfacts, ceux qui les ont conçus et fabriqués, ne sont pas précisés. Le spectateur parvient à en reconnaître certains, mais la plupart demeurent incognito. 

Il faut lire la fiche accompagnant l’exposition pour apprendre que l’artiste a joué de la transposition culturelle en organisant une double prestation : une exposition berlinoise, misant sur la transposition d’artéfacts africains en sol allemand, et une exposition béninoise en misant sur des artéfacts occidentaux en sol africain. 

Georges Adéagbo, on le devine, aime collectionner. Et comme tout collectionneur, la passion de la collection l’emporte peut-être sur la nature même de ce qu’il collectionne. Il ne s’en cache pas. 

Mais lorsqu’il affirme qu’il « développe une encyclopédie personnelle d’artéfacts et d’impressions », on demeure dubitatifs. 

Une encyclopédie collige un ensemble de connaissances et les expose selon un certain ordre. Par exemple, les regroupements sont thématiques ; parcourir un thème donné enrichit notre compréhension. 

Georges Adéagbo en rajoute en comparant ses installations à des salles d’audience. Les spectateurs, c’est-à-dire les témoins, doivent considérer les artéfacts de chaque montage comme des pièces à conviction. Mais c’est à eux qu’il revient de constituer le dossier à charge, d’agir, le cas échéant, comme avocat de la défense, et finalement de prononcer, s’il y a lieu, la sentence. 

Bref, le spectateur doit s’en remettre à lui-même. 

Ce type de montage renvoie à une des principales caractéristiques de l’espèce humaine : la recherche de sens. 

Le cerveau fonctionne par associations. Les neurones créent entre eux un nombre invraisemblables de connexions. Ces connexions forment des réseaux et construisent des matrices de connaissances qui évoluent avec le temps. 

Punaiser de grandes quantités d’artéfacts sur un panneau est une illustration « externe » de la façon dont le cerveau fonctionne. Nous établissons des connexions. À partir de ces regroupements, nous mettons en lumière des associations, des liens de causes à effet, nous jetons un éclairage nouveau sur la réalité que nous avons tenté de cartographier. 

Mais soyons beau joueur. Donnons la chance au coureur. Si Georges Adéagbo est avare de clés, le spectateur pourra toujours retourner chez lui en caressant le projet de constituer lui-même un montage de son cru, sur un thème de son choix, et de relier entre eux à l’aide de fils de différentes couleurs, documents, photos, dessins, articles de journaux, à la recherche d’un sens qui jusque là lui avait échappé.  

À La Nouvelle École de Créativité, c’est un travail que l’on fait dans le programme en ligne Ma vie telle que je l’imagine… on y trace ainsi sa ligne de vie. Mais dans notre cas, c’est pour donner du sens… alors on tire des fils, on relie des éléments, on fait des connexions… car une chose est certaine, pour certaines réponses, on doit s’en remettre à soi-même.

Et je terminerai en citant Sabine Meier :

« Ça me rappelle le film de ce cinéaste russe Dziga Vertov, qui disait que le cinéma était l'art moderne par excellence, parce que c'était l'art du montage. Il met ça en application dans L'homme à la caméra. C'est le principe du travail des artistes surréalistes, le collage. »

C'est intéressant de le rendre visible. Beaucoup d'artistes travaillent comme ça en ce moment. Surtout les collectif... ce qui est une autre forme de montage. »

Que diriez-vous de créer votre propre montage ou collage ? C’est l’exercice que je vous propose cette semaine.

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice 131

Faire des montages


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