<strong> đź’ˇSavez-vous ne rien faire ?</strong>
Quel drôle d’idée…
Ne répondez pas trop vite à la question, on pense avoir des obligations, mais il s’agit souvent d’excuses pu rne pas faire ce qui importe vraiment.
Ne rien faire, moi ?
— Non, mais ça ne va pas !
L’idée même de s’astreindre à ne rien faire fait frémir. Il ne s’agit pas seulement d’essayer de couper tant bien que mal, pendant quelques longues minutes, les liens fusionnels qui nous unissent à nos prothèses électroniques : montres connectées, téléphones intelligents, etc.
Après tout, pourquoi pas, puisqu’on nous serine à longueur de journée que trop de temps d’écran nuit à notre concentration.
De nos jours, malheureusement, ne rien faire signifie beaucoup plus que cela. Notre temps est compté. Les frontières entre le travail, les loisirs et le repos s’effacent. L’insécurité économique dans laquelle nous nous trouvons nous oblige à tout monétiser.
Selon Jenny Odell*, nos liens avec la technologie ne seraient pas les seuls responsables de notre mal-être. Recourir à des ersatz, tels que des séances intensives de décrochage durant lesquelles tout contact avec un écran est interdit ou encore une application qui mesure notre temps d’écran et nous indique lorsqu’un seuil est franchi, ne s’attaque pas au cĹ“ur du problème.
En fait, ce dont nous aurions besoin, c’est un changement de perspective, une façon différente d’appréhender le monde qui nous entoure.
Apprenez à ne rien faire comme Odell
Odell procède de la façon suivante :
— Elle se déplace dans un lieu inconnu. Idéalement, un site naturel, une forêt, un rivage en bord de mer ou lorsque cela est impossible dans n’importe quel lieu pourvu que ce lieu lui soit inconnu ou peu connu.
— Ensuite, elle choisit un endroit où elle s’installe et interrompt toute activité, sauf…
…celle qui consiste à ouvrir grand les yeux et à observer la scène qui se déroule devant elle. Odell se pose alors la question suivante :
Qu’est-ce qui est nouveau ?
Quel est l’élément qui jusqu’ici m’a échappé ?
Pour l’ornithologue, le botaniste ou le photographe, cette démarche n’est pas nouvelle, mais dans le monde actuel, elle devient absolument nécessaire. Pour Odell, c’est une question de survie. Elle compare cette expérience de re-connexion à un « traitement des idées usées ». Une usine portative pour se débarrasser du bruit ambiant et renouer avec le monde tel qu’il est.
Ce processus de nettoyage, une fois enclenché, doit être sans cesse renouvelé. S’arrêter, prendre conscience d’éléments avec lesquels nous ne sommes pas (ou peu) familiers, dans un lieu nouveau ou que nous ne fréquentons pas souvent, nous incite à faire preuve d’humilité face au monde qui nous entoure.
Ne rien faire nous permettrait de diriger notre attention vers ce qui ne nous est pas familier, de sortir de notre boîte noire et de diriger notre attention vers autre chose.
À la longue, ne rien faire, nous fait réaliser que nous n’exerçons pas pleinement notre liberté de choix. Nous ne choisissons pas toujours ce qui est bon, ou ce qui est mieux pour nous.
Demeurer attentif n’est pas facile. Cela exige une ouverture d’esprit et la conviction qu’il existe toujours quelque chose de nouveau à observer, à découvrir. C’est une véritable discipline qui consiste à ne jamais considérer nos observations comme étant complètes et définitives et à éviter la sur-stimulation qui mène au l’épuisement et à l’apathie.
Si vous souhaitez développer cette saine habitude de ne rien faire, je vous propose.
Envie de tenter l’expérience ?
Découvrez l’exercice No. 120
Ne rien faire
Référence