Les Cahiers de l'imaginaire

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Paix Culturelle 🌱 Comment les artistes y contribuent ?

Nous sommes tous métis.

Qu’on le veuille ou non, n’en déplaise à certains, il suffit de remonter les échelons de notre arbre généalogique pour découvrir des liens de parenté avec d’autres cultures ?

Photo What Will I say to the Sky and the Earth II par Meryl MacMaster Paix Culturelle — Comment les artistes y contribuent ? par Sylvie Gendreau

Au Québec, au Canada, terres d’immigration, cette vérité résonne de manière particulière. D’abord, quelques échelons à peine suffisent pour constater notre mixité. Ensuite, il y a cette dette que nous avons à l’égard des peuples premiers que nous avons cherché pendant longtemps à occulter.

Dans un premier temps, les peuples premiers nous ont accueillis, dans certains cas ils nous ont aidés à survivre dans un environnement hostile parce qu’étranger pour nous, pour ensuite comprendre que cette invasion coïncidait avec l’éradication de leurs peuples et de leur culture.

Une lente opération de reconnaissance et de réconciliation est en cours. Ce processus, souvent difficile, se heurte à des obstacles dont l’un, et non des moindres, est la guerre que se livrent différentes cultures pour s’approprier (exclusivement) ce qui leur revient.

On peut définir une guerre culturelle (Culture War) de deux manières :


đźš© Arnd Schneider, dans un article qui date de 2003, dans la revue Social Anthropology, définit l’appropriation culturelle comme la migration d’un élément (symbolique ou matériel), traversant une frontière d’une culture à une autre.

đźš©Mais cette définition s’élargit et se situe à contre-pied de la notion de frontière, lorsqu’on se réfère à Paul RicĹ“ur. La frontière ne sépare plus, elle invite à ce qu’on la franchisse. Selon RicĹ“ur, l’appropriation est à l’opposé de la distanciation. L’appropriation ne consiste pas en une simple possession. Au contraire, il s’agit de réinterpréter, de faire preuve d’une nouvelle compréhension de l’autre.

Photo Deep Into the Darkness, Waiting par Meryl McMaster Paix Culturelle — Comment les artistes y contribuent ? par Sylvie Gendreau

Meryl McMaster est photographe. Et elle est Canadienne et Métis. Elle explore dans ses images ce qu’une identité réelle a de multiple et de complexe. La photographe est d’origine Britannique, Néerlandaise, et Cri des Plaines.

Dans ses images, elle incorpore des fragments d’histoires, de légendes, de symboles propres à chacune de ses ascendances. Elle établit des connexions avec ses ancêtres de même qu’avec sa parenté encore vivante.

Son mode opératoire est parfaitement adapté à son sujet. La culture des peuples premiers est intimement liée à l’environnement. La photographe voyage donc constamment. Elle arpente le pays à la recherche de sites chargés d’histoires et de légendes. Sur un site donné, elle cherche à rendre compte de ce que ses ancêtres ont vécu et de la charge particulière dont le territoire est imbu.

Certaines histoires dont elle s’est inspirée appartiennent en propre à son héritage personnel, d’autres font partie d’un héritage collectif.

Deep into the Darkness est une photo prise sur la réserve du père de la photographe, au nord de la Saskatchewan, au Canada. Meryl MacMaster a modelé un masque de renard véloce, un animal de la région en voie de disparition. C’est à la tombée de la nuit que le renard véloce se manifeste. Le masque chapeaute une tenue de Trickster (que l’on nomme Wisahkeahk chez les Cris des plaines). De plus, Fox est le nom de famille maternelle de Meryl McMaster. Wisahkeahk se déplace le long d’un sentier qui est inondé et qui, de ce fait, reflète le ciel et ses étoiles, un motif que l’on retrouve sur les vêtements du Trickster.

Envie de tenter l’expérience ?


DÉCOUVREZ L’EXERCICE No. 165

Reflets de votre être, de votre nature et de votre histoire


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Référence

Samuel, Clare. As Immense as the Sky. Lensculture. February 2021.