<strong>🔲 Qu’est-ce qu’un humain ? </strong>
Voici quelque chose que les robots auront du mal à imiter…
L’édition de la Nuit des robots est derrière nous. Je suis encore sous le charme des autres, de leur gentillesse, des sourires et de l'esprit d'entraide qui nous a animés, j’ai été ravie d’être la directrice artistique de cet événement.
En réfléchissant à ce thème, je me rappelle ce que l'on ressent lorsqu'on est amoureux. Les molécules qui se libèrent et qui nous font planer. Quel amoureux pourra dire le contraire ? Comme si notre organisme était un véritable petit labo d'hormones étonnantes.
« Nous sommes programmés pour être dépendants à l’autre, aveuglés par l’amour, car nous sommes conditionnés par le besoin », explique Michel Reynaud, psychiatre et professeur de psychiatrie, spécialiste des addictions lors d'une interview à la revue Psychologie.
« Besoin de fusionner, de faire le plein de plaisir physique et de sécurité affective. Tout commence avec la testostérone, l’hormone du désir sexuel, produite par les hommes et par les femmes. À cette production succède celle de lulibérine, l’hormone libérée au début de la relation sexuelle. C’est elle qui pousse à rechercher toujours plus de contact et de caresses. Vient ensuite l’explosion d’endorphines au moment de l’orgasme, qui modifie radicalement l’état de conscience ordinaire : euphorie ou extase, ces molécules nous font décoller. Mais en même temps que les sens et la conscience s’affolent, nous produisons de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. Et c’est ainsi que le plaisir devient amour. « Toutes ces hormones qui travaillent en surrégime produisent de la dopamine, qui booste ce que l’on appelle le “circuit de la motivation”, poursuit Michel Reynaud. C’est la dopamine qui nous pousse à agir, à oser, à relever des défis. » C’est aussi sa chute, générée par l’absence ou l’abandon de l’objet d’amour, qui nous fait des nĹ“uds à l’estomac, nous déprime plus ou moins sévèrement selon notre structure psychoaffective et notre capacité à gérer le manque. »1
Voilà quelque chose que les robots auront du mal à imiter. Et que dire de l'alchimie amoureuse inconsciente : « Dans l’état amoureux, nous vivons une forme de régression qui réactive le premier lien affectif fusionnel — avec la mère ou, au contraire, le répare s’il a été défaillant », explique Marie-Laure Colonna, psychanalyste et philosophe. En état d’amour, la réalité ordinaire se dilate, toutes les portes — en soi et autour de soi — semblent s’ouvrir, les émotions s’intensifient, la banalité se dissout dans l’euphorie. »2
« L’état amoureux est un état hallucinatoire qui nous invite à décrocher temporairement de la pesanteur du réel… C’est un authentique état modifié de conscience : pour celui qui aime, l’être le plus anodin se transforme en héros magnifique. »3
Serons-nous un jour capable de programmer un robot pour lui faire ressentir ces états ? Se poser la question : Qu'est-ce qu'un humain ? fait appel à ces réflexions comme le montrent les commentaires des participants à la Nuit des robots.
“Un câlin par jour devrait suffire pour traverser l’hiver!”
— Sheldon Cohen
« L’éducation a appris à notre corps à se cadenasser. Cet élan — celui d’étreindre l’autre — nous le refrénons par crainte du jugement, par peur du ridicule, de la méprise ou par respect d’une certaine morale, explique Céline Rivière, psychologue clinicienne, auteure de La câlinothérapie, une prescription pour le bonheur (Michalon Editeur, 2015). Le toucher est devenu aseptisé. Et si c’était une erreur ? Et si nous étions devenus malades de ne pas suivre nos pulsions bienveillantes ? »4
« Le démonstratif, ou le discret amateur de câlins, serait moins sujet à la déprime, aux rhumes sévères et à la grippe. Le câlin contribue à la production de l’ocytocine, hormone-clé de notre bien-être qualifiée de « nectar de guérison » par la chercheuse suédoise, Kerstin Uvnäs. « Elle est à l’amour et à l’attachement ce que l’adrénaline est au stress et à l’agressivité », explique Mme Rivière. Son niveau dans le sang « est directement lié à notre capacité de gestion du stress et à la qualité de nos relations sociales (…) Le toucher si particulier du câlin accroît les capacités de défense de l’organisme et relance globalement l’ensemble des fonctions du corps mais, plus profondément encore, il reconnecte au sentiment de bien-être parce qu’il relie l’individu à lui-même, aux autres et à la réalité de son environnement. ».
« Selon les travaux du chercheur américain Sheldon Cohen de l'Université de l’université Carnegie-Mellon de Pittsburgh (Pennsylvanie), le lien social induit dans les câlins contribue, à lui seul, à booster le système immunitaire. »
Dès la diffusion de ces informations, des esprits créatifs et entrepreneurs n'ont pas mis longtemps à ouvrir des bars à câlins. Au Japon aux États-Unis, à Paris... voilà un nouveau service auquel les robots auraient eu du mal à penser. À la question, quels problèmes menacent le plus l'humanité, lors de la nuit des robots, la déconnexion sociale, le manque de liens humains sont ressortis...
C'est un angle que nous avons voulu traiter d'entrée de jeu, et cela a fonctionné ! Je remercie toutes les personnes, pour leur humanité, pendant l'élaboration, l'organisation et la réalisation de La Nuit des robots... Je remercie tous les participants d'avoir joué le jeu. Ce fut une très belle expérience humaine, créative, apprenante et chaleureuse.
Envie de tenter l’expérience ?
Découvrez l’exercice No. 21
Écrire de la poésie
Références :
1-2-3 http://www.psychologies.com/Couple/Seduction/Tomber-amoureux/Articles-et-Dossiers/Pourquoi-c-est-si-bon-d-etre-amoureux
4-En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/01/20/cinq-raisons-de-ne-pas-delaisser-les-calins_4850703_4497916.html#hGSVqylVE4ruYoFW.99