<strong>đĄ Imitez Einstein, faites exploser votre crĂ©ativitĂ© avec un laboratoire de pensĂ©e</strong>
Il ne faut surtout pas croire tout ce qu'on nous dit !
Pourquoi sommes-nous si dupes ? Les auteurs des fausses nouvelles nous manipulent, mais dâoù nous vient cette crédulité ? Pourquoi est-ce si facile dây croire ? Ce qui peut sembler une faiblesse peut aussi être une force. Prenez lâexemple dâEinstein qui adorait se poser des questions dâenfants⊠il est le maître incontesté, avec Tesla, des laboratoires de pensée.
Révisé 6 juillet 2020
DES HISTOIRES INVENTÉSâŠ
Il y a plusieurs années âavant Internetâ je tenais une chronique dans un journal où j'inventais de courtes histoires pour faire connaître les Laurentides au Québec. Je choisissais un lieu donné et j'inventais une histoire qui s'y déroulait. Un jour, où je déjeunais avec une collègue journaliste, elle me raconte l'histoire d'un couple qui avait perdu leurs bagages comme s'il s'agissait d'une histoire vraie. C'était le sujet d'une chronique que j'avais écrite le mois précédent. Le premier paragraphe de la chronique expliquait pourtant bien qu'il s'agissait d'histoires sorties de mon imagination. Ce moment m'avait semblé surréaliste. En me racontant l'histoire que j'avais écrite, elle me rendait spectatrice d'une histoire qui ne m'appartenait déjà plus puisqu'elle avait été publiée. Marcel Proust avait mille fois raison lorsqu'il a écrit :
« Chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même.»
âMarcel Proust
La désinformation prolifère
Rationnellement, tous savent que tout ce que nous lisons n'est pas forcément exact. D'ailleurs le problème qui préoccupe de plus en plus de chercheurs et de médias, ce sont les 'Fake News', les fausses nouvelles. Chercher le pourquoi des choses exige un petit effort supplémentaire que nous ne sommes pas toujours disposés à fournir. Les esprits malveillants l'ont bien compris. Certains médias sont passés maîtres en la matière. La désinformation prolifère. La diffusion d'informations trompeuses n'est pas nouvelle, la manipulation a toujours existé. La démocratisation des médias et les possibilités qu'offrent Internet sont positives, elles permettent à un plus grand nombre de s'exprimer sauf que la rigueur des sources n'est pas toujours au rendez-vous.
Il n'est donc pas étonnant que la question des fausses nouvelles préoccupe énormément. Je le constate dans mes cours depuis 2015. Plusieurs doctorants à Polytechnique Montréal ont identifié ce problème comme un problème urgent et crucial à résoudre. Dans leur recherche de projets innovants, ils ont essayé de proposer des solutions efficaces, mais ce n'est pas si simple.
Si le problème fait l'unanimité, les solutions ne sont pas évidentes même si tous sont conscients que l'intelligence artificielle détient une part de la solution.
En juillet à Montréal, lors d'un festival de startups, Startupfest, un événement annuel très couru par les entrepreneurs et les investisseurs, un concours a été organisé par Element AI, Radio-Canada et Fasken Martineau (un cabinet d'avocats).
Chaque participant avait une vingtaine de minutes pour convaincre les juges de retenir sa solution pour éliminer les fausses nouvelles sur Internet. Ce sont finalement les Montréalais Jules Gagnon-Marchand et Noah Chaimowicz qui ont retenu l'attention des juges.
Les solutions retenues par les juges sont intelligentes et sensibles. Jules Gagnon-Marchand a proposé une approche comparative, croiser plusieurs sources permet de vérifier combien de médias sérieux disent la même chose. Pour sa part, Noah Chaimowicz apporte un élément important toujours fournir aux internautes une source éditoriale apportant un avis contraire ou différent. Les juges ont vu la complémentarité de ces deux solutions. J'aime bien qu'on stimule le lecteur à réfléchir à ses choix de lecture.
Il y a un danger à décider à la place du lecteur de ce qui est vrai ou faux.
Il y a un danger à vouloir résoudre un problème avec une solution qui ferait reculer la démocratie et la liberté d'expression. Il ne faut surtout pas croire tout ce qu'on nous dit. L'intelligence artificielle fera beaucoup de choses à notre place, mais cela ne devrait jamais nous dispenser de réfléchir en profondeur.
Comment nous poser les bonnes questions ?
Prenons exemple sur Einstein qui se posait des questions d'enfant avec un cerveau d'adulte. Comme il l'a écrit dans ses mémoires, il a découvert la théorie de la relativité parce qu'il avait un esprit lent. Il s'est posé des questions d'enfant à l'âge adulte (c'est lui qui le dit). Il menait des expériences de pensée en utilisant son esprit comme un laboratoire. Il imaginait !
Comme le dit Étienne Klein dans son excellente conférence, Einstein avait une pensée musculaire. Il comprenait en imaginant avec son corps, il se mettait en situation, comme s'imaginer à cheval sur la lumière par exemple.
Essayez, vous verrez cela est à la fois amusant et très efficace.
Envie de tenter lâexpérience ?
DÉCOUVREZ LâEXERCICE No. 52
Une expérience de pensée