<strong>đš Comment des histoires ont changĂ© la vie de Sveltana Alexlevich ? </strong>
Quâest-ce qui vous relie le plus à tous les humains de la terre ?
Que vous soyez inconnus ou connus, que vous soyez jeunes ou plus âgés, que vous soyez un expert ou non⊠une chose vous relie à tous les autres humains de la terre : vous racontez des histoires !
ï»ż
Au fil des siècles, les moyens de communiquer évoluent, les façons de raconter également⊠mais lâessence, à savoir, les trames narratives, restent les mêmes.
Les éléments qui font une bonne histoire étaient déjà présents dans la première histoire, Gilgamesh.
Les 5 éléments dâune bonne histoire
Plusieurs éléments sont à considérer, mais voici cinq éléments qui se retrouvent dans toute bonne histoire :
Un rythme.
Une vision.
Le caractère imagé de lâhistoire (le cerveau a des yeux).
Les conflits. La confrontation entre les personnages, leurs points de vue divergents.
Une conclusion, une chute.
Il également sage de se rappeler que ces trois choses.
Il nây a pas de recette unique.
Le fait dâêtre dâexcellents conteurs constitue-t-il un avantage en ce qui concerne lâévolution des espèces ? Oui, certainement ! Et chacun raconte à sa manière.
2. LâHomo Fictus est aussi important que lâHomo Sapiens.
Le lecteur, lâauditeur, construit ou reconstruit très rapidement lâhistoire qui lui est racontée, en complétant tout naturellement les omissions, les sous-entendus, et en ajoutant une multitude de détails. Cette reconstitution constitue un effort cognitif inconscient considérable. Et il sâagit toujours dâune cocréation.
3. Une adaptation évolutive
Notre propension à raconter et à écouter des histoires constitue une adaptation évolutive, le résultat dâune mutation qui permet à lâorganisme de survivre, de se reproduire plus efficacement que les espèces concurrentes.
Les histoires « véridiques » ont très rapidement pris une importance cruciale pour la survie de notre espèce. Une histoire vraie est une forme de transmission dâinformations utiles, permettant, par exemple, aux auditeurs de surmonter des dangers.
4. Notre espèce a vu le jour il y a 160 000 ans.
À lâorigine, nos ancêtres ont dû apprendre plusieurs techniques de survie. La plupart de ces techniques (la chasse par exemple) requièrent un apprentissage complexe (habitat des animaux, caractéristiques et comportements distinctifs).
Afin de favoriser lâapprentissage, les expériences de première main sâavèreraient trop dangereuses et inefficaces. En lâabsence de médias de transmission (tels que les livres, vidéos, etc.), raconter des histoires est une méthode de transmission plus efficace.
À la longue, les histoires sont devenues de plus en plus complexes et ont inclus dâautres types dâinformation : histoire, identité commune à des groupes.
Quel est le but dâune histoire ?
Apprendre, comprendre, faire en sorte que le monde ait un sens.
De nos jours, cette tradition persiste toujours. : Svetlana Alexievich, prix Nobel de littérature, en est un exemple. Elle est une conteuse dâhistoires vraies.
Son Ćuvre aborde les crises historiques contemporaines (la guerre dâAfghanistan, la chute de lâempire soviétique, la tragédie de Tchernobyl) avec un angle singulier : celui de la conteuse qui rapporte ce quâelle entend et le transcrit.
Une affaire dâémotions
Dans le respect de la tradition orale - en lisant Alexievich - on entend les voix des témoins, leur anxiété, leur douleur. On dit dâAlexievich quâelle a inventé un nouveau genre littéraire basé sur lâhistoire des émotions, lâhistoire des âmes.
Câest la première fois que le prix Nobel de littérature est attribué à un auteur dont lâĆuvre est exclusivement basée sur des interviews.
Mais Alexievich se défend de faire du journalisme. Elle raconte lâhistoire de tous ceux quâelle interroge. Câest un exemple moderne de storytelling documentaire qui jette un éclairage cru et décapant, souvent contradictoire, par rapport à ce que rapportent les médias traditionnels sur des crises contemporaines.
Alexievich enregistre tout et retranscrit tout. La rédaction dâun livre peut prendre de 5 à 10 ans, représentant 300 à 500 interviews. De 10 à 20 de ces voix constituent des piliers sur lesquels lâĆuvre est construite. Chaque livre est un portrait peint minutieusement, chaque interview vient ajouter un trait à la construction picturale de lâensemble.
Lâart de raconter à partir dâexpériences vécues
Elle renoue ainsi avec une tradition séculaire propre à lâHomo Fictus : lâart de raconter à partir dâexpériences vécues. Une forme de transmission dâinformations utiles permettant aux auditeurs, aux lecteurs, de mettre en place des stratégies pour surmonter les dangers qui surgiront dans lâavenir.
Chaque personne a des mode dâexpression qui lui sont propres. Svetlana Alexievich a trouvé le sien.
Savez-vous quel est le vôtre ?
Avez-vous des modes dâexpression préférés ?
Quelle sont vos histoires, à qui les racontez-vous ?
Quelles sont les histoires des autres que vous aimez raconter ?
Publiez vos histoires
Ceux qui me connaissent savent que jâencourage la majorité dâentre vous à avoir un blog.
Un blog peut parfois tenir en deux ou trois pages.
Vous pouvez y publier de courts billets.
Vous pouvez informer vos lecteurs de vos dernières créations.
Vous pouvez parler avec des images plutôt quâavec des mots si lâécriture nâest pas votre mode dâexpression préféré.
Si vous aimez créer des histoires sur Instagram⊠vous pouvez les diffuser depuis votre blog également.
Même chose si vous êtes un YouTuber, vous pouvez annoncer votre chaîne et donner accès à vos vidéos ou playlists.
Si vous nâavez (vraiment) pas envie dâavoir votre propre blog⊠faites équipe avec des plateformes ou des auteurs qui rejoignent votre thématique, vos valeurs.
Mon conseil ?
Si vous êtes actif sur LinkedIn, Instagram, Pinterest ou Facebook⊠cela ne change rien à la pertinence de posséder votre adresse sur Internet.
Câest le meilleur CV que lâon puisse imaginer.
Mais attention, il ne sâagit pas dâénumérer vos diplômes comme vous le feriez sur un CV.
Il sâagit de raconter de bonnes histoires !
Câest lâexercice que je vous propose cette semaine pour vous aider à trouver votre mode dâexpression et peut-être innover, à votre façon, comme lâa fait Svetlana Alexievich.
Envie de tenter lâexpérience ?
Découvrez lâexercice No. 123