🔲 Êtes-vous amateur de NFT ?
Sur Twitter, un nombre croissant d’avatars se présentent sous la forme de dessins de singes. Des singes avec des verres fumés, des vêtements léopard, ou fumant des cigares.
Ces avatars sont en réalité des jetons non fongibles (NFT)
Est-ce une nouvelle forme d’art ?
Décidément, Twitter est la scène de nombreux spectacles ! Le site Bored Ape Yacht Club a eu l’idée de créer des jetons non fongibles (NFT).
Il était possible de les acheter directement sur leur plateforme au prix de lancement de $200 en cryptomonnaie Etherum. Ce prix inclut un abonnement virtuel.
Quelques jours après le lancement en avril dernier les 10 000 images du Bored Ape Yacht Club avaient été vendues.
L’engouement fut rapide sur le marché des NFT. Les collectionneurs ont vite dû débourser au minimum 14 000 $ pour acquérir un dessin.
Un club d’avatars, tel que le Bored Ape Yacht Club constitue une étrange combinaison d’une communauté en ligne, d’un groupe d’investisseurs et d’une société d’amateurs d’art.
Lorsqu’un dessin se transige à un prix élevé, la valeur de tous les dessins (jetons non fongibles authentiques) de la collection augmente. Le propriétaire du jeton affiche son avatar sur Twitter, il fait part de son allégeance au club et peut s’attendre à ce que le nombre de ses followers augmente.
Comment trouvez-vous ces dessins ?
Sur le plan artistique, les dessins de Bored Ape sont soignés. Ils témoignent d’une certaine unité stylistique. En outre, la plateforme commerciale offre des produits dérivés qui contribuent à créer une sous-culture de mode (accessoires tels que des lunettes).
Peut-on pour autant parler d’art ? Pourquoi pas ? Si tel est le cas, il s’agit d’un art démocratique, car pour en faire l’acquisition nul besoin de se rendre dans une galerie pour effectuer une transaction in situ. Tout se fait en ligne.
Le produit lui-même est généré avec l’aide d’une intelligence artificielle. L’IA personnalise chaque dessin du gabarit de référence d’une touche unique. Le gabarit sert de base pour la production de 10 000 dessins différents.
De nos jours, la marque et le concept sont les deux principaux ingrédients qui assurent à un artiste une renommée internationale. On peut s’en attrister ou s’en réjouir. Mais la règle a fait ses preuves au cours des dernières années. On n’a qu’à penser aux sculptures de Jeff Koons.
L’art actuel tirerait sa substance du statut symbolique qu’on lui confère, de l’efficacité avec laquelle ce statut se transforme en une marque populaire, et de son encapsulation (une règle fondamentale de la programmation orientée objet) dans un produit qui ne requiert aucune connaissance en histoire de l’art.
Trois conditions doivent toutefois être réunies : le produit intéresse ceux qui désirent l’utiliser comme moyen d’expression, impressionne la galerie, et fait fructifier le portfolio financier de celui qui le possède.
L’exercice que je vous propose pour accompagner ce billet, amusez-vous à créer une série.
Envie de tenter l’expérience ?
Découvrez l’exercice No. 193
Créer une série
Références :
Chayka, Kyle. Why Bored Ape Avatars Are Taking Over Twitter. The New Yorker, 2021.
Snow, Philippa. Are NFTs really art? The Guardian, Mar 2022.