Les Cahiers de l'imaginaire

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đź“™ Qui est donc ce personnage ?

Une question qui embête les lycéens !

Un poème de Sara Holbrook est soumis à des lycéens dans le cadre d’un examen.

📙 Qui est donc ce personnage ? par Sylvie Gendreau, fondatrice des Cahiers de l’imaginaire et de La Nouvelle École de Créativité.

Quelle est l’énigme ?

Le questionnaire est à choix multiples. Les lycéens doivent déterminer ce que signifient certains passages, ainsi que les raisons pour lesquelles l’auteur a choisi un mot plutôt qu’un autre.

Il s’agissait de questions contenant huit choix possibles. Les enseignants eux-mêmes, ayant de la difficulté à identifier les bonnes réponses, contactèrent la poétesse afin de les éclairer. Ils furent à la fois étonnés et frustrés de la réponse que leur fit Sara Holbrook : elle n’en avait elle-même aucune idée.

« Qu’en est-il » s’indigna-t-elle, « de la joie de découvrir ce qu’un mot ou une tournure de phrase évoque ? »

Pourquoi recourir à une dissection à froid d’un texte, au lieu de se laisser porter par les images et les émotions que le texte fait naître ?

De nos jours, des psychologues laissent entendre que la pensée créative est en déclin. L’apprentissage des jeunes est, de plus en plus, axé exclusivement sur la « résolution de problèmes ». Tout centrer sur ce type d’apprentissage serait une erreur.

Apprendre consiste aussi à identifier les problèmes,

une tâche qui exige de l’imagination.

Une diète stricte axée presque seulement sur les réseaux sociaux, à l’instar des monocultures tant décriées en agriculture, ne constitue pas un développement durable de l’information et des connaissances. Nous avons besoin d’explorations intérieures, d’immersions pour créer une mémoire expérientielle, un élément essentiel pour développer notre imagination.

La culture écran, pourtant, nous fournit de nombreux exemples de pensée métaphorique, mais elle finit par nous entraîner dans une vie à deux dimensions, et ne nous entraîne pas dans des expériences plus riches, faisant appel à tous nos sens. Nous naviguons de plus en plus dans un monde visuel, délimité par la superficie des écrans de nos smartphones.

Où trouvons-nous le sens que nous ne cessons de chercher

dans tout ce qui nous entoure ?

Les images que l’on nous propose consistent de plus en plus en une succession de moments prévisibles. Chaque image est facile à « digérer », et ce, même lorsque nous sommes distraits et que nous leur portons peu d’attention.

Le sens de ces images nous est fortement suggéré, imposé presque, sans que notre imagination puisse faire jouer son libre arbitre.

Nous sommes sollicités de toutes parts. Partout, autour, on réclame notre attention. Pourquoi, à l’occasion, ne pas arpenter le chemin du retour vers soi. Pourquoi ne pas essayer de se reconnecter, de trouver un sens véritable à un geste ou à une activité qui nous tient à cĹ“ur. Mais également en observant l’autre, s’imaginant à sa place, pour essayer de mieux comprendre ce qu’il ressent.

Je termine avec une citation d’Andrei Making, extrait du roman L’ami arménien. Le protagoniste retourne dans sa terre natale, et se remémore un moment de vérité partagé avec un ami disparu :

« À présent, j’y vois non pas d’obscures énigmes et d’étonnants paradoxes, mais cette vérité simple que, grâce à lui, j’avais fini par comprendre : nous nous résignons à ne pas chercher cet autre que nous sommes, et cela nous tue bien avant la mort — dans un jeu d’ombres, agité et verbeux, considéré comme unique vie possible. Notre vie. »

Envie de tenter l’expérience ?

Découvrez l’exercice 57

Un signe qui change tout !


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Référence

Brooks, A.C. Don’t Wish for Happiness. Work for It. The Atlantic. 2021.