TADAO ANDO 🟨 Architecte autodidacte
ĂŠtre jeune a une telle puissance. Vous n'avez pas peur. Vous pensez que rien n'est impossible.
« Lorsqu’il y a de la volonté, il y a un chemin. »
Tadao Ando
Je me souviens de mon étonnement lorsque j'ai découvert qu'un de mes architectes préférés était autodidacte. Cela m'avait semblé à peine croyable. Tadao Ando a séduit le monde entier avec ses constructions minimalistes et son unique façon de convier l'extérieur à l'intérieur.
Dans la toute première maison qu'il a conçue, on traverse une coursive extérieure pour passer de la chambre à la cuisine-salon. Imaginez un peu... Des propriétaires ont accepté de se faire construire une maison qui exigera de mettre le nez dehors, peu importe les conditions météo, pour aller prendre leur petit-déjeuner ou pour se mettre au lit le soir venu. Voilà qui est créatif !
Il est vrai que lorsque nous sommes jeunes, rien ne nous arrĂŞte !
La pratique du minimalisme en architecture exige une maîtrise parfaite, car tout est apparent dans les espaces ouverts. Créer de la simplicité est complexe et exigeant : angles droits, lignes, il n'y pas de place à l'erreur. Tadao Ando privilégie le verre et le béton (qu'il traite d'une manière très spéciale) et qu'il associe toujours aux éléments naturels : Le ciel, les arbres, la lumière, l'eau.... sont la plupart du temps au cœur de ses concepts architecturaux.
Récipiendaire du prestigieux prix Pritzker en 1995, ses créations inspirées de la philosophie zen —et parfois dissimulées sous terre pour ne pas encombrer un paysage naturel—suscitent l'admiration : Centres d'art, salles de concert, Ando n'en finit plus de nous donner des leçons de simplicité. Sa grande force ? L'importance qu'il accorde aux personnes qui occuperont les lieux qu'il imagine. Il crée des espaces méditatifs et lumineux qui rappellent la nature à proximité ; Des systèmes de ventilation qui imitent la respiration humaine ; Une finesse extrême dans les détails jumelée à une sobriété qui n'encombre pas.
Nous devons planifier des exercices quotidiens pour notre corps et notre esprit.
Dans le documentaire de Nakamura, on découvre le caractère bien trempé de l'architecte lorsqu'il s'adresse à ses collaborateurs à qui il souhaite transmettre les exigences qu'il s'impose à lui-même : « Tous doivent être fiers de ce qu'ils construisent. » Chaque geste compte pour ce perfectionniste qui construit en pensant à l'avenir. « On ne devrait jamais laisser tomber son travail. ». Il dit ne renier aucune de ses créations antérieures.
Pas facile de travailler avec Tadao Ando. Les journées se terminent à 19h pour les femmes, 20h pour les seniors et 21h pour les jeunes. L'atmosphère est tendue. Tous peuvent voir l'architecte travailler, sa table de travail est à l'entrée à la vue de tous. Et il y un seul téléphone, il entend toutes les conversations pour réagir rapidement s'il y a un problème.
Dans une petite chapelle qu'il a construite au Japon, le mur de béton derrière l'autel est fendu par deux minces ouvertures formant une croix. Il avait prévu que cette ouverture resterait sans verre, mais les clients ont insisté pour ajouter le verre. Encore aujourd'hui il le regrette et espère qu'un jour, on l'enlèvera. On comprend en l'écoutant qu'il n'abandonne pas facilement une idée : la persévérance et la détermination du Samouraï.
Ma vie a été remplie d'échecs. Je ne suis pas allé à l'Université, je n'ai pas étudié l'architecture. J'ai dû me façonner moi-même. J'ai décidé que j'apprendrais par mes propres moyens.
Du courage, il en aura fallu à ce jeune garçon qui caressait le rêve de devenir architecte. Tadao est né en 1941 dans un quartier populaire d'Osaka. Peu de temps après sa naissance, il est séparé de son frère jumeau. Confié à sa grand-mère qui tient un petit commerce, Tadao passe ses journées avec les artisans du quartier avec lesquels il apprend à travailler certains matériaux. C'est alors que naît sa passion pour l'architecture.
Le jeune Tadao sait qu'il ne pourra jamais s'inscrire dans une école d'architecture, les frais de scolarité sont beaucoup trop élevés. Que cela ne tienne ! Il décide d'apprendre par lui-même en lisant des livres. Rapidement, il s'aperçoit que pour mieux comprendre, il a besoin de voir les bâtiments. À 17 ans, alors qu'il est boxeur professionnel, il profite de ses temps libres pour visiter des monastères au Japon. Dès que ses économies le lui permettent, il part en Europe pour poursuivre ses explorations en autodidacte.
Sa première grande émotion, il l'a ressentie au Panthéon à Rome. C'était une fin de matinée au moment où une messe y était célébrée. Il n'oubliera jamais ce souvenir tant il a été ébloui par une architecture de lumière. Son deuxième grand coup de cœur, c'est Le Corbusier qui lui a offert. Il lui a appris qu'on pouvait créer de l'architecture simplement en poursuivant la lumière.
Quand vous vivez avec la nature, vous ressentez l'univers.
Il a construit une petite maison de trois étages. La façade qui donne sur un parc public est entièrement vitrée. Le point de vue est complètement différent selon l'étage où l'on se trouve, le propriétaire témoigne de son bonheur d'y vivre.
Lorsque le milliardaire philanthrope japonais, Soichiro Fukutake, l'a contacté pour lui confier son rêve de transformer l'île Naoshima en un centre d'art contemporain, cela semblait impossible. L'île est utilisée, depuis des décennies, pour ses matières premières : les pierres et le sable. Qui viendrait sur une île dévastée pour voir de l'art ? Tadao Ando était en désaccord, mais comme il l'admet la passion d'un homme est parfois plus forte que tout. Fukutake a dit nous pouvons le faire, et nous le ferons. Il lui a dit mes employés vont planter des arbres, et cette île redeviendra verte. Pour ce projet, Tadao a eu l'idée de dissimuler l'immeuble sous la terre.
Le rêve du milliardaire est devenu réalité. L'Île Naoshima est désormais une île verte et une île d'art. Passion et détermination, deux ingrédients essentiels pour faire arriver un rêve.
Si tous les architectes et urbanistes partageaient cette philosophie, les villes deviendraient vraiment agréables à vivre.
L'histoire de Tadao Ando devrait convaincre tous ceux qui ont des rêves de création de ne jamais rien lâcher pour les réaliser. Le jeune homme sans argent et incapable de poursuivre des études classiques en architecture a réussi à devenir un grand architecte. Le coup de cœur qu'il a eu pour le panthéon, de jeunes architectes l'ont désormais pour le travail magnifique qu'il a réalisé, entre autres choses, pour la restauration du Palazzo Grassi à la Pointe de la douane à Venise ou pour la Frabrica, le centre de recherche et de communication de Benetton à Treviso en Italie.
Qui peut savoir le futur qui l'attend ! Il faut rêver et ne rien lâcher.
Les trois conseils de Tadao Ando aux jeunes architectes :
Vous devez stimuler votre muscle créatif en allant aux cinémas, aux concerts et aux musées.
Vous devez Ă©tudier le travail des autres architectes et vous vous devez de faire mieux qu'eux.
Vous avez besoin de courage. Votre force physique s'atténue avec l'âge, il faut entretenir un esprit combattif.
Encore une belle découverte offerte par le Festival International du Film sur l'Art, la meilleure école de créativité que l'on puisse imaginer.
Qu'est ce que Tadao Ando vous inspire ? Que faites-vous pour muscler votre créativité ? Écrivez-moi... partagez avec nous si vous vous retrouvez dans l'esprit du Samouraï.
Envie de tenter l’expérience ?
Découvrez l’exercice No. 49
Le secret ? Persévérer !
Référence :
Filmographie de Yu Nakamura | 500 Days of Jakucho Setouchi (2015) ; The World of Shuji Terayama (2014) ; Finding the Beauty of Knitting - Aran Islands (2014) ; Seasoning the Seasons - Travelling Yoshino-Kumano (2013).
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