Lâintelligence des plantes đ±
Comment définir l'intelligence ?
Du point de vue Ă©tymologique, ĂȘtre intelligent signifierait comprendre, percevoir. L'intelligence se rĂ©fĂšre aussi Ă la capacitĂ© de traiter de l'information pour atteindre un objectif. Elle peut ĂȘtre aussi dĂ©finie comme la facultĂ© d'adaptation. Vus sous cet angle, les humains ne seraient pas les seuls Ă ĂȘtre intelligents.
LâĂ©cholocalisation, vous connaissez ?
D'autres organismes vivants, telles les plantes, adoptent eux aussi des comportements intelligents qui mettent en jeu les attributs clĂ©s qui viennent d'ĂȘtre mentionnĂ©s : perception, Ă©changes et traitement de l'information dans un but prĂ©cis.
Chez les plantes, la communication inter-espÚces fait appel à plus de 20 sens différents. Les fÚves, par exemple, font appel à des signaux sonores et repÚrent leur tuteur par echolocalisation*.
Les merveilles de la nature
Les plantes peuvent aussi avoir recours au sens de la vue. Certaines espÚces de vignes ont la capacité de modifier la forme et la couleur de leurs feuilles pour se fondre avec celles de l'arbre sur lequel elles sont en train de grimper.
Les plantes sont aussi capables de sensations tactiles. Lorsqu'on les touche, les feuilles du mimosa apprennent à se replier. En présence d'un danger, elles enregistrent cette information et la mémorisent dix fois plus longtemps qu'une abeille.
La capacitĂ© d'Ă©coute des plantes peut ĂȘtre trĂšs dĂ©veloppĂ©e. Une Ă©tude rĂ©cente menĂ©e par le professeur Appel de l'UniversitĂ© du Missouri montre que les vibrations causĂ©es par des insectes herbivores en train de manger des feuilles peuvent chez certaines plantes (Arabidopsis thaliana) gĂ©nĂ©rer des rĂ©actions chimiques de dĂ©fense. Ces plantes sont en mesure de distinguer les bruits de mastication et ceux provoquĂ©s par le vent ou par le chant d'un insecte. Les sons vibratoires sont transmis rapidement Ă l'intĂ©rieur mĂȘme d'une plante, ou d'une plante Ă une autre.
Les plantes ne se contentent pas d'enregistrer des informations, de les mémoriser et de les traiter, elles échangent également ces données avec leurs congénÚres et elles s'en servent aussi pour interagir avec leur environnement. Leur mode de communication est principalement chimique. Elles fabriquent et émettent de nombreuses substances volatiles différentes (Amitabha).
Certaines molĂ©cules peuvent servir de moyens de communication avec d'autres plantes. D'autres dĂ©clenchent des rĂ©actions de dĂ©fense contre des prĂ©dateurs afin de prĂ©venir d'Ă©ventuelles attaques ou de mener elles-mĂȘmes l'assaut contre des agresseurs. Ă l'inverse, d'autres molĂ©cules ont pour fonction d'attirer les insectes pollinisateurs. Des centaines de substances constituent ainsi un alphabet chimique complexe et crĂ©ent plusieurs systĂšmes de communication : plantes - insectes, plantes - plantes, plantes - bactĂ©ries.
Les plantes ne possÚdent pas de cerveau. Il n'en demeure pas moins qu'elles se comportent de maniÚre intelligente. Il faut éviter de faire preuve de cérébrocentrisme. L'intelligence n'est pas l'apanage de l'humain. Les plantes sont elles aussi capables de réagir et de solutionner un problÚme. Elles aussi peuvent apprendre, s'adapter à leur environnement et évoluer.
Encore une fois, force est de constater que pour mieux vivre ensemble et sauver notre espÚre, nous avons tout à apprendre de la nature : sagesse, humilité, communication, intelligence collective et créativité.
Envie de tenter lâexpĂ©rience ?
DĂCOUVREZ LâEXERCICE No. 44
Nature et Culture
Références
« L'Ă©cholocalisation, ou Ă©cholocation, consiste Ă envoyer des sons et Ă Ă©couter leur Ă©cho pour localiser, et dans une moindre mesure identifier, les Ă©lĂ©ments d'un environnement. Elle est utilisĂ©e par certains animaux, notamment des chauves-souris et des cĂ©tacĂ©s, et artificiellement avec le sonar... Le naturaliste italien Lazzaro Spallanzani publie en 1794 ses travaux sur les chauves-souris : il ferme leurs yeux avec des boules de glu ou les brĂ»le avec des aiguilles chauffĂ©es au rouge, mais elles continuent Ă se dĂ©placer facilement. Il montre ainsi qu'elles voient par leurs oreilles2. Les premiĂšres expĂ©riences de dĂ©tection par radars ayant lieu dans les annĂ©es 1920 conduisent certains naturalistes Ă faire l'analogie du systĂšme de localisation des obstacles des chauves-souris avec ce mode de dĂ©tection. Le zoologiste Donald Griffin, travaillant avec le neuroscientifique Robert Galambos sur ces systĂšmes de localisation depuis les annĂ©es 1930, invente le terme Ă©cholocation dans un article scientifique publiĂ© en 1944 dans lequel il explique que les radars utiliseraient â il ne connaĂźt pas exactement leur fonctionnement couvert par le secret militaire â des ondes Ă©lectromagnĂ©tiques comme les personnes aveugles qui localisent les objets par l'Ă©cho de leurs pas, de leurs cannes ou comme les chauves-souris qui utilisent des ondes ultra-sonores3. » WikipĂ©dia
D. R. Griffin, « Echolocation in blind men, bats and radar », Science, no 100,â 1944, p. 589â590.
Appel, H.M. and all. Plants respond to leaf vibrations caused by insect herbivore chewing. Oecologia (2014) 175:1257â1266.
Das, Amitabha and all. Plant volatiles as method of communication. Plant Biotechnol Rep (2013) 7:9â26.
Gagliano. Monica and all. Experience teaches plants to learn faster and forget slower in environments where it matters. Oecologia (2014) 175:63â72.
Mabey, Richard. How plants think. The Guardian. Friday 16 October 2015.
RĂ©flĂ©chir avec l'Ćuvre de Han Kang, laurĂ©ate du Prix Nobel de littĂ©rature 2024, qui explore la nature comme reflet de nos traumatismes personnels et collectifs.