Les Architectes qui ont fait renaĂźtre New York đŸŒ± Diller Scofidio + Renfro

La ville de demain ressemble Ă  tout autre chose que ce que nous avons connu.

« Laissons le soleil faire son travail comme il le fait avec les plantes. »
— Diller Scofidio + Renfro

Ne pas se laisser abattre pourrait ĂȘtre la devise de New York. Son histoire, depuis 400 ans, en dit long sur sa capacitĂ© Ă  se relever des crises et Ă  trouver des solutions originales pour rĂ©soudre des problĂšmes qui semblaient, il n'y pas si longtemps encore, impossibles Ă  rĂ©soudre. The positive attitude y est certainement pour quelque chose.  

Révisé 6 juillet 2020

 
 

Les New-Yorkais aiment leur ville et s'engagent pour elle.

Violence, propreté, reconstruction, relance de l'économie... ce ne sont pas les défis qui manquent aux New-Yorkais. Chaque fois, on assiste consterné aux catastrophes... chaque fois, on est étonné des rebondissements spectaculaires. Les New-Yorkais aiment leur ville et s'engagent pour elle. New York se relÚve.

Les concours d'architecture et d'urbanisme sont de bons  indicateurs pour la mĂ©tamorphose d'une ville. On sentait depuis un moment dĂ©jĂ , le dĂ©sir de New York d'ĂȘtre une ville plus verte, plus collective, plus ouverte, plus agrĂ©able Ă  vivre... New York, la dynamique, n'Ă©tait pas pour se laisser damner le pion par les villes qui se rĂ©veillent, conscientes que si elles savent y faire, elles deviendront de nouveaux modĂšles Ă©cologiques qui feront Ă©voluer la sociĂ©tĂ© vers un avenir plus organique et plus serein qui prend modĂšle sur la nature.   

La ville de demain ressemble à tout autre chose que ce que nous avons connu. Fini les villes sans ùmes, les bùtiments austÚres, les entreprises bardées de tÎle ondulée et de logos, les centres commerciaux géants et sans ùmes, les quartiers grisùtres et sans vie, les villes de béton sans nature, témoins d'injustice et de lourdeur. BientÎt, ces villes grises, on les préférera mortes. On les abandonnera à leur triste sort s'il n'y pas de volonté de les faire revivre en harmonie avec les valeurs d'une société en mouvement et connectée.

Une société plus consciente qui n'a pas l'intention de laisser la pollution, ni le manque de partage et de solidarité les tuer.

L'intelligence collective commence à porter ses fruits... un nouveau vent souffle... artistes, urbanistes, architectes, chercheurs s'engagent. La re-création est commencée.

La pratique traditionnelle d'une certaine architecture, mettant les citoyens en cage, les enfermant avec leurs peurs et traumatismes, les emmurant dans leur chĂąteau ou leur ghetto, les abandonnant Ă  leur individualisme vit-elle ses derniĂšres annĂ©es. La ville intelligente connecte et Ă©duque. Les citoyens interagissent. Artistes et architectes mettent en scĂšne les acteurs dans une dynamique d'interactions complexes qui dessine le nouveau motif harmonieux  d'une coĂ©volution organique qui donne envie de  participer Ă  sa reconstruction.

New York, pourtant Ă©prouvĂ© plus que la plupart des villes,  renaĂźt. Entre chirurgie et acupuncture, l'approche interdisciplinaire de Diller Scofidio + Renfro contribue Ă  la qualitĂ© de vie de tous les New-Yorkais. L'architecture et l'urbanisme sont des actes graves. Ce que l'on rĂ©nove et construit impacte durablement les villes et  le comportement citoyen.

L’agence new-yorkaise

Diller Scofidio + Renfro

une approche multidisciplinaire   

FondĂ©e en 1979, l’agence new-yorkaise Diller Scofidio + Renfro se distingue par son approche dĂ©cloisonnĂ©e de l’architecture. En 1999, ses fondateurs ont reçu le prestigieux prix de la Fondation MacArthur. Avec l’achĂšvement presque simultanĂ© de deux de ses rĂ©alisations d’envergure Ă  New York, soit la rĂ©affectation de la High Line, et la revitalisation et l’expansion du Lincoln Center for the Performing Arts, Diller Scofidio + Renfro a enthousiasmĂ© les New-Yorkais.

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À l'origine de ces mĂ©tamorphoses rĂ©ussies, il y a l'histoire d'un couple. Ricardo Scofidio enseigne Ă  The Cooper Union School of Architecture, Elizabeth Duller suit ses cours. Le courant passe entre l'Ă©tudiante et le professeur. Ils partagent une vision commune sur la faillite de l'architecture contemporaine. Ni l'un ni l'autre n'a de grandes ambitions.

Tout ce qu'ils souhaitent, c'est emprunter des places publiques, des lieux pour y amĂ©nager des installations et y mener des expĂ©riences interactives. Leurs interventions sont de plus en plus remarquĂ©es... mais toujours pas de construction en vue. MĂȘme le cĂ©lĂšbre Blur-Building n'est qu'une plateforme pour que les promeneurs puissent entrer dans un nuage de vapeur d'eau. Ceux qui les observent se demandent si un jour ces architectes construiront enfin un vrai bĂątiment.

Puis un jour, leurs premiers clients osent les solliciter pour construire. On fait confiance à leur créativité. Le couple n'a rien à perdre, ils avancent avec leurs convictions. Le succÚs ne se fait pas attendre. D'un projet à l'autre, les résultats sont spectaculaires. Ce couple généreux n'hésite pas, en 2004, à demander à un de leurs collaborateurs depuis 1997 à devenir partenaire de leur agence, c'est le + Renfro.

Aujourd'hui, ce trio et leur centaine de collaborateurs comptent parmi les agences les plus demandĂ©es du moment. Les fondateurs de l'agence semblent toujours aussi Ă©tonnĂ©s de leur destin. Jamais, ils n'avaient imaginĂ© rĂ©aliser de si grands projets, mĂȘme en rĂȘves.

Une prise en compte constante du public

Entre 2004 et 2011, l’agence a converti une voie ferrĂ©e abandonnĂ©e du West Side en un superbe parc suspendu, devenu depuis la promenade prĂ©fĂ©rĂ©e des New-Yorkais. ParallĂšlement, DS + R a Ă©galement rĂ©novĂ© la salle Alice Tully du Lincoln Center et la Juilliard School, conçu un spectaculaire pavillon abritant un restaurant, recouvert d’un toit vert, et modifiĂ© les espaces publics reliant les bĂątiments existants du complexe.

Ces deux projets, qui ont métamorphosé la ville de New York, ont fait l'objet d'un excellent documentaire réalisé par Muffie Dunn et Tom Piper de la Checkerboard Film Foundation, Diller Scofidio + Renfrlo : Reimagining Lincoln Center and the High Line, présenté au Festival international du film sur l'art à Montréal.

Leur approche interdisciplinaire de l'architecture est certainement l'une des clĂ©s pour repenser les villes de demain. La ligne conductrice de cette Ă©quipe est la prise en compte constante du public. Il y a une vraie gĂ©nĂ©rositĂ© citoyenne. Lorsqu'ils ont amĂ©nagĂ© la voie ferrĂ©e dĂ©saffectĂ©e situĂ©e au-dessus des immeubles, ils avaient en tĂȘte l'importance d'en faire un lieu de rencontres. L'idĂ©e des cadres gĂ©ants qui permettent d'avoir un autre point de vue sur la ville et sur les passants est tout  simplement gĂ©niale. Le conseil de Ricardo Scofidio : « Laissons le soleil faire le travail comme il le fait pour les plantes. » Construire de maniĂšre organique en harmonie avec l'Ă©volution de la nature, voir dĂ©jĂ  ce qui se passe sur le territoire avant de tout dĂ©molir doit ĂȘtre un principe essentiel de l'architecture contemporaine et durable.

VOIR ET ÊTRE VUS

Le fil rouge de leurs projets pourrait se rĂ©sumer en une phrase : Voir et ĂȘtre vus. Ricardo Scofidio explique  ce qui leur a donnĂ© cette idĂ©e. « En Italie, dans les thĂ©Ăątres oĂč les spectateurs se voient entre les reprĂ©sentations, on pouvait constater leur joie d'ĂȘtre lĂ , d'ĂȘtre ensemble. Imaginons des parcs qui encouragent des arrĂȘts sur image sur l'Autre, qui favorisent un regard diffĂ©rent sur la ville et ses citoyens, un concept formidable Ă  dĂ©velopper.

Dans la rĂ©novation du Lincoln Center, ils ont bien Ă©coutĂ© les plaintes des uns et des autres... personne ne croyait qu'un seul projet rĂ©ussirait Ă  satisfaire tout le monde. C'est pourtant ce qu'ils ont accompli. Chaque geste est habitĂ© par la pensĂ©e de respecter ce que le public aime. Que ce soit en dĂ©molissant le pont qui gĂąchait la perspective de la rue entiĂšre, en enlevant les murets qui empĂȘchaient de voir ce qui se passait Ă  l'intĂ©rieur  des immeubles ou en permettant de voir, depuis la rue, les danseurs en rĂ©pĂ©tition Ă  la Juilliard School, tout conduit Ă  plus de transparence pour que les uns et les autres se voient, se rapprochent et se connectent.

Un jeu entre le dehors et le dedans

Ce qui est Ă©loquent dans leurs prestations, c'est ce jeu rendu possible entre le dehors et le dedans. Leurs architectures deviennent des lieux de performances oĂč chacun peut jouer un rĂŽle. DĂ©sormais, lorsqu'on emprunte les rues du Lincoln Center non seulement on peut avoir un aperçu de ce qui s'y passe Ă  l'intĂ©rieur, on a Ă©galement l'impression de faire partie de cette communautĂ© d'artistes et d'artisans.

Un échange généreux et réciproque

Les multiples Ă©crans sur les trottoirs donnent Ă  voir les performances des diffĂ©rents artistes pendant les spectacles, rendant ainsi la culture plus accessible Ă  tous. Ce n'est plus de la publicitĂ© marchande, manipulatrice...  c'est un partage, un Ă©change gĂ©nĂ©reux et rĂ©ciproque entre ceux qui crĂ©ent et ceux qui reçoivent.

Elizabeth Diller apprécie qu'on leur ait fait confiance. Pour la salle de concert, ils se sont amusés, ils ont expérimenté... ils n'avaient jamais réalisé une salle de concert auparavant. « Nous nous faisons plaisir, nous construisons comme si c'était pour nous. En tant que New-Yorkais, nous sommes ravis de pouvoir profiter de ces lieux. »

NommĂ©e l'entreprise la plus innovante de Fast Company en 2010, le carnet de DS+R est rempli de projets extras qui sont attendus pour 2015 : le centre mĂ©dical de l'UniversitĂ© Columbia, le musĂ©e d'art de Berkeley, le pavillon des arts et de l'histoire de l'art de Standford et Ă  New York, la D Tower, le Culture Shed et  la cinquiĂšme phase de la High Line ; pour 2014, le musĂ©e des images et du son Ă  Rio de Janeiro, The Broad Ă  Los Angeles, Bubble : le jardin de sculptures du MusĂ©e Hisrshhorn Ă  Washington...

Un renouveau de l'architecture et de l'urbanisme qui propose aux citoyens des lieux oĂč la nature, l'art et la sociĂ©tĂ© se croisent. Ne reste qu'Ă  souhaiter que leur approche dĂ©cloisonnĂ©e fasse Ă©cole, les villes ont  plus que jamais besoin de se rĂ©inventer.

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DÉCOUVREZ L’EXERCICE No. 73

À la recherche de la nature


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