Peindre avec des bactĂ©ries đŸŒ± avec Maria Penil Cobo

Créer des toiles qui évoluent et se désagrÚgent lorsque les bactéries meurent.

Maria Penil Cobo est artiste-peintre. Contrairement Ă  la vaste majoritĂ© de ses pairs, elle peint Ă  l’aveugle. Ou presque. Lorsqu’elle applique les couleurs sur sa toile, il lui faut patienter parfois plusieurs jours avant que celles-ci n’apparaissent. 

Révisé 8 juillet 2020

Image du film de Thomas Riedelsheimerm Breathing Earth: Susumu Shingu's Dream Respiration de la terre par Sylvie Gendreau

Image du film de Thomas Riedelsheimerm Breathing Earth: Susumu Shingu's Dream Respiration de la terre par Sylvie Gendreau

Des bactéries pour pigments

Cobo travaille dans un Biolab en Nouvelle-Angleterre. Les « pigments » qu’elle utilise sont en rĂ©alitĂ© des bactĂ©ries.

À titre d’exemple, la rĂ©alisation d’une copie d'OphĂ©lie, du peintre John Everett Millais, un tableau peint en 1851.

La palette de bactĂ©ries utilisĂ©e par Jo Wonder—une collection connue sous le nom de C. MOULD—inclue une cinquantaine de souches de bactĂ©ries et de champignons qui crĂ©ent non seulement autant de couleurs et de teintes, mais aussi des variations de textures et d’effets lumineux. Il est possible, par exemple, de produire un effet de brillance en utilisant la bactĂ©rie Cupriavidus metallidurans souche CH34 qui sous l’effet d’un enzyme prĂ©cipite le chlorure aurique et crĂ©e un effet de brillance dorĂ©e.  

Cette technique picturale singuliĂšre exige le recours Ă  des outils spĂ©cifiques—ses anses Ă  inoculer, par exemple, un instrument utilisĂ© couramment en microbiologie pour manipuler les souches bactĂ©rielles—nĂ©cessite une gestion du temps prĂ©cise afin de s’assurer que les diffĂ©rentes souches parviennent Ă  maturitĂ© en mĂȘme temps. Ensuite, progressivement, les toiles Ă©voluent et se dĂ©sagrĂšgent lorsque les bactĂ©ries meurent.

PrĂ©lĂšvement pour analyse Peindre avec des bactéries avec Maria Penil Cobo par Sylvie Gendreau

PrĂ©lĂšvement pour analyse Peindre avec des bactéries avec Maria Penil Cobo par Sylvie Gendreau

RÉSULTAT D'ANALYSES DÉMONTRANT L'ÉVOLUTION DU MICROBIOME Peindre avec des bactéries avec Maria Penil Cobo par Sylvie Gendreau

RÉSULTAT D'ANALYSES DÉMONTRANT L'ÉVOLUTION DU MICROBIOME Peindre avec des bactéries avec Maria Penil Cobo par Sylvie Gendreau

Plusieurs courants en art sont représentés.

L’art figuratif, basĂ© sur des rĂšgles de reprĂ©sentation et de reconstitution les plus fidĂšles possible de la rĂ©alitĂ©. Ces oeuvres, bien que figuratives, sont toutefois sujettes Ă  d’inĂ©vitables modifications dues Ă  l’évolution des bactĂ©ries.

L’art abstrait, qui repose sur des motifs alĂ©atoires crĂ©Ă©s par les colonies de bactĂ©ries au fil du temps. Peut-ĂȘtre doit-on alors parler de co-crĂ©ation.

Enfin l’art conceptuel. Par exemple, l’oeuvre conceptuelle de François-Joseph Lapointe, professeur de biologie Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, qui rĂ©alise des selfies de son microbiome. Dans une performance rĂ©cente rĂ©alisĂ©e Ă  Berlin, le microbiome du professeur Lapointe s’est sans cesse transformĂ© au fur et Ă  mesure qu’il serrait la main de ses interlocuteurs. À intervalles rĂ©guliers, des prĂ©lĂšvements furent rĂ©alisĂ©s et leur ADN analysĂ©. Le projet visait Ă  dĂ©montrer comment nous nous transformons au contact des autres. 


Envie de tenter l’expĂ©rience ?


DÉCOUVREZ L’EXERCICE No. 37

Faites jouer l’alĂ©atoire.

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Références:

Madhusoodanan, Jyoti. Petri palettes createmicrobial masterpieces. 11056–11058 | PNAS | October 4, 2016 | vol. 113 | no. 40.

http://bio.umontreal.ca/repertoire-departement/vue/lapointe-francois-joseph/

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