đ» Pourquoi combattre son stress ?
OĂč se situe votre niveau de stress ?
Vous sentez-vous anxieux ?
Que faites-vous pour y remédier ?
A un degré modéré, le stress peut pousser à la créativité mais, au-delà de certaines limites, il est dévastateur.
Des signaux clairs
Comment savoir si nous dépassons la limite raisonnable ? Des symptÎmes peuvent nous alerter. Parmi eux, notons :
Les maux de tĂȘte, les douleurs thoraciques, les tensions musculaires, les nausĂ©es ou modification de la libido.
La fatigue et les troubles du sommeil.
Un sentiment dâinquiĂ©tude lorsque vous devez assumer des responsabilitĂ©s.
Des difficultés à vous concentrer et à rester motivé.
Un sentiment dâirritabilitĂ©, de tristesse ou de colĂšre.
Une perte dâappĂ©tit.
Si vous ĂȘtes stressĂ©, vous nâĂȘtes pas le seul ! Nourri par des enjeux professionnels, le problĂšme de stress se rĂ©pand de plus en plus sur la planĂšte. Selon Statistique Canada, 23% des personnes de plus de 15 ans dĂ©clarent que la plupart du temps, ils sont « assez » ou « extrĂȘmement » stressĂ©s. Ce nombre atteint 30% chez les 35 Ă 54 ans. Le travail est la principale cause de stress au sein de notre population, suivi (bien que loin derriĂšre) par les finances.
Un effet de groupe
Le Canada, un pays reconnu comme Ă©tant pacifique et calme, imaginez les statistiques dans dâautres pays. Parmi les facteurs de stress, il y a le fait quâil faille Ă©tudier de plus en plus longtemps pour avoir le niveau dâĂ©tudes nĂ©cessaire pour trouver un emploi acceptable.
Pour certains, ces longues Ă©tudes entraĂźnent un endettement. D'autres quittent leurs Ă©tudes pour lancer une entreprise. Mais, les approches et les technologies Ă©voluant rapidement, ils doivent aussi continuer Ă se former constamment. La plupart investissent des sommes importantes en formations en ligne et rejoignent des clubs privĂ©s dâentrepreneurs.
Ă cela sâajoutent les dangers concernant lâavenir de la planĂšte : la pollution (qui affecte notre santĂ© et nos capacitĂ©s cognitives), le plastique dans la mer (dont les poissons se nourrissent), le rĂ©chauffement climatique, le terrorisme, les mouvements migratoires⊠mĂȘme ceux qui veulent fermer les yeux sur les problĂšmes Ă rĂ©soudre pourront de moins en moins se le permettre et les rĂ©seaux sociaux contribuent Ă rendre ces informations omniprĂ©sentes.
Et ce stress est contagieux. MĂȘme si l'on se rĂ©veille serein, il suffit de croiser des proches ou des collĂšgues stressĂ©s pour sentir son propre stress monter.
Un temps précieux
Avant le dĂ©but de chaque semestre, je fais une enquĂȘte auprĂšs de mes Ă©tudiants. Je leur demande quel est, selon eux, le dĂ©fi le plus important quâils devront relever pour rĂ©ussir leur doctorat ? Quel problĂšme leur semble le plus difficile Ă rĂ©soudre ?
Deux Ă©lĂ©ments ressortent pour la plupart dâentre eux :
La difficulté de se concentrer pendant de longues périodes.
La fatigue causée par le stress et le manque de temps.
Lorsquâon enseigne la crĂ©ativitĂ©, on sait Ă quel point des moments de dĂ©tente sont essentiels. Câest souvent pendant ces temps calmes que nous avons nos meilleures idĂ©es. Amos Tversky, docteur en psychologie qui a enseignĂ© Ă Stanford et participĂ© aux travaux sur le jugement dans l'incertitude et la thĂ©orie des perspectives avec Daniel Kahneman pour lesquels il ont obtenu en 2002 le Prix Nobel d'Ă©conomie a dit:
« Le secret pour faire de la bonne recherche est de toujours ĂȘtre un peu sous-employĂ©. Vous perdez des annĂ©es Ă ne pas ĂȘtre capable de perdre des heures. »
Or nous vivons dans un monde ultra-rapide. Les nouvelles idĂ©es dĂ©filent Ă toute vitesse. Nous sommes sollicitĂ©s de toutes parts. Il est de plus en plus rare que nous soyons sous-employĂ©s, câest mĂȘme plutĂŽt le contraire.
Pour observer, il faut du temps, pour réfléchir, il faut du temps, pour expérimenter, il faut du temps.
La vitesse est un muscle quâil nous faut entraĂźner. MĂȘme si cela peut sembler contradictoire, il faut des pauses dâobservation pour accroĂźtre notre vitesse de dĂ©cision et dâaction. Sans dĂ©tente, on avance moins vite.
LâagilitĂ©, un stress crĂ©ateur !
Apprendre Ă vivre dans lâincertitude et prendre des dĂ©cisions pertinentes rapidement exigent un vĂ©ritable savoir-faire. Le colonel John Boyd nous a enseignĂ© cela trĂšs bien. Ă la fin des annĂ©es 50, il Ă©tait le meilleur pilote de chasse de lâarmĂ©e de lâair amĂ©ricaine dâoĂč son surnom, « le 40-secondes Boyd ».
Ăconomiste de formation, se basant sur ses expĂ©riences de pilotage et ses observations, Boyd a dĂ©veloppĂ© des programmes de formation innovants qui ont transformĂ© la façon dont on formait les pilotes des armĂ©es de lâair.
ConseillĂ© stratĂ©gique au Pentagone, ses Ă©crits sont devenus la bible de lâaviation mondiale des armĂ©es.
Si vous ĂȘtes un entrepreneur et que vous souhaitez accroĂźtre vos rĂ©sultats et la performance de vos Ă©quipes, la boucle OODA est un excellent outil de rĂ©flexion pour amĂ©liorer vos stratĂ©gies et vos rĂ©sultats.
Je vous recommande Ă©galement la lecture de lâexcellent ouvrage dâĂric Ries, The Lean Start-up qui montre lâimportance pour toute entreprise dâapprendre Ă amĂ©liorer ses stratĂ©gies et ses produits rapidement grĂące au retour dâexpĂ©riences des clients.
Pour atteindre de tels rĂ©sultats, la premiĂšre condition est d'ĂȘtre conscient des dangers qui nous menacent et la deuxiĂšme consiste Ă prendre, le plus possible, soin de son cerveau. Il est notre premier alliĂ©.
Méditer réduit le stress. Vraiment ?
Mes Ă©tudiants sont stressĂ©s. Comment puis-je les aider Ă rĂ©soudre ce problĂšme afin quâils puissent relever les dĂ©fis passionnants qui les attendent, tout en ayant une vie Ă©quilibrĂ©e et heureuse ?
Câest cette question qui me prĂ©occupe. Les personnes qui passent une partie de leur vie Ă mĂ©diter plusieurs heures toutes les semaines, voire tous les jours, et participent Ă des retraite ont souvent une vie Ă part et reprĂ©sentent un trĂšs faible pourcentage de la population. Ceux qui sont engagĂ©s dans des projets entrepreneuriaux, des carriĂšres, des familles Ă©voluent dans un contexte tout autre. Et, pour ces personnes, se retirer du monde nâest ni une option ni un souhait.
Comment ces personnes occupĂ©es et engagĂ©es peuvent-elles rĂ©duire leur niveau de stress ? Est-ce que la mĂ©ditation est aussi utile et bĂ©nĂ©fique quâon le prĂ©tend ? Plusieurs Ă©tudes* le dĂ©montrent (rĂ©gulation du rythme cardiaque), mais quels sont les mĂ©canismes psychologiques Ă lâoeuvre qui relient la pratique de la mĂ©ditation Ă la diminution du niveau de stress ?
Des chercheurs** se sont penchĂ©s sur cette question. Ils ont mesurĂ© les modifications du niveau de cortisol (lâhormone du stress) et des pulsations cardiaques dâindividus pratiquant la mĂ©ditation depuis longtemps lorsque ceux-ci doivent faire face Ă des situations stressantes.
Les résultats démontrent que chez les méditants expérimentés, le niveau de cortisol aprÚs avoir été exposé à une situation stressante retourne à la normal plus rapidement que les non-méditants. De plus, ils ont une meilleure estime de soi aprÚs avoir été soumis à une évaluation ou à une pression sociale jugée menaçante ou négative.
Revenir Ă lâessentiel
Enfin, les mĂ©ditants de longue date sâadaptent mieux face Ă des situations gĂ©nĂ©ratrices de stress, car ils dĂ©ploient des stratĂ©gies de rĂ©gulation des Ă©motions qui sâavĂšrent efficaces telles que lâacceptation ou la rĂ©Ă©valuation positive.
LâĂ©quipe de Benjamin Schöne a rĂ©cemment mesurĂ© les modifications comportementales dâune trentaine de participants, avant et aprĂšs une pratique de mĂ©ditation de pleine conscience pendant huit semaines.
Cette forme de mĂ©ditation est la plus pratiquĂ©e. Elle met en oeuvre plusieurs Ă©lĂ©ments clĂ©s : la prise de conscience du rythme respiratoire, la relaxation progressive de tous les muscles du corps et la proprioception, câest-Ă -dire une attention ciblĂ©e sur toutes les parties du corps.
Les chercheurs ont utilisĂ© un systĂšme de suivi des mouvements oculaires, une technique qui permet de mesurer le niveau dâattention, la mĂ©moire visuelle Ă court terme et les fonctions exĂ©cutives. Ils calculent ainsi le potentiel Ă©voquĂ© visuellement des signaux de rĂ©ponses du cerveau (SSVEP).
Lâamplitude du SSVEP (steady-state visually evoked potential) est proportionnelle aux ressources corticales consacrĂ©es Ă lâexĂ©cution des tĂąches donnĂ©es. Le type de mouvements oculaires (signature) enregistrĂ© durant la mĂ©ditation de pleine conscience, combinĂ© Ă une rĂ©duction de lâamplitude du SSVEP accroissent la capacitĂ© du mĂ©ditant Ă faire abstraction des distractions pour ne prĂ©server dans la mĂ©moire Ă court terme que les Ă©lĂ©ments jugĂ©s pertinents.
Ces deux mesures (mouvements oculaires + SSVEP) permettent dâĂ©valuer avec une certaine prĂ©cision les gains dâattention rĂ©sultant de la pratique de la mĂ©ditation de pleine conscience.
Les participants nâavaient pas dâexpĂ©rience prĂ©alable de la mĂ©ditation. Mais il a suffi de huit semaines pour obtenir des rĂ©sultats significatifs. Dans le cadre dâune pratique de longue durĂ©e, et selon une hypothĂšse formulĂ©e par les chercheurs, les mĂ©ditants voient leur performance cognitive Ă©voluĂ©e en deux phases. Durant la premiĂšre, ils dĂ©veloppent dâabord leurs fonctions dâattention. Dans une deuxiĂšme phase, ils dĂ©veloppent progressivement une attitude de non rĂ©action, de non jugement.
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DĂ©couvrez lâexercice No. 109
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Références
* Plusieurs Ă©tudes
** Ătude des chercheurs
*** Benjamin Schöne
RĂ©flĂ©chir avec l'Ćuvre de Han Kang, laurĂ©ate du Prix Nobel de littĂ©rature 2024, qui explore la nature comme reflet de nos traumatismes personnels et collectifs.